Dimanche 29 mai 7 29 /05 /Mai 19:48

 

Ma  vie  d'après, partie  4, vient  d'être mise  en ligne  sur  le  blog.... Trés  bonne  lecture à  tous  et un grand merci  de  vos mails  d'encouragements....  Merci  à Fréderique pour  ses  idees,  et Joel qui se reconnaitra....  

Dom...

 

Le  lien  direct pour  la partie  4  c'est  ici.....

Le  lien  direct pour  le premier  épisode c'est ici...

Rappel  du mail  :  roman.mva@gmail.com

Par ma-vie-dapres - Communauté : only-gay
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Dimanche 29 mai 7 29 /05 /Mai 19:42

 

'Pour une bonne compréhension de ce texte, et l’identification de tous les personnages, il est nécessaires de connaitre la première partie de cette histoire, nommée Ma vie d’après : -1- Tout fini,  tout commence..'

 

A son réveil le lendemain matin, Jérémy me regarda longuement après que nous nous soyons embrassé à notre manière : pour cela, Jerem posait sa main pomme en l’air à plat sur le drap et quand il sentait la caresse de ma main sur la sienne, nous refermions les doigts l’un et l’autre, par un geste qui rappelait deux mains unies…

« -Tu pensais vraiment ce que tu disais hier soir mon ange ?

« -Que tu devais vivre ta vie à toi ? Oui mon beau, et je persiste…

« -C’est comme ci tu me demandais de t’oublier Kev, et çà, t’as pas le droit de le faire…

« -Qu’est ce que tu vas chercher là ? Je pensais t’avoir promis d’être avec toi le temps que tu le voudrai ? Je te demande surtout de ne pas rester seul, de ne pas t’empêcher de vivre ta vie à toi mon amour… 

« -Mais toi ?

« -Moi ? Mais Moi aujourd’hui c’est toi Jerem, ou presque. Moi je ne demande que de vous voir tranquille et heureux vous tous que j’ai pu connaître. Moi, je serai toujours à tes côtés et rien ne nous empêchera d’être toi et moi seuls quand tu le voudras… »

Depuis la veille au soir, j’avais bien perçu une certaine angoisse dans le regard de mon compagnon, sa nuit avait été agitée et nous étions à n’en pas douter à un nouveau tournant de notre amour. Je savais pour les avoir vécu à ses côtés, les jours de douleurs que mon amant avait connus, et bien évidemment je ne souhaitais pour rien au monde le revoir vivre ces instants.

Je posais ma tête dans le creux de son épaule, et sentant ma caresse, il me dit d’une voix ou il ne put cacher un sanglot :

« -Je t’aime trop Kevin, ne pars pas…

« -Je n’en ai pas la moindre envie mon Jerem, rassure toi, et même à bien y regarder, çà me plait assez d’être avec toi partout ou tu vas, sans que personne ne sache que tu n’es pas seul… 

« -J’y pense souvent tu sais… Au lycée, dans la rue, même ici à la maison, çà me fait toujours sourire quand ceux qui m’entourent parle de toi. Tout le monde à l’air d’avoir plein de secrets de toi…

« -Surement pas autant que nous en avons toi et moi mon beau ; je crois que ce que nous vivons est au dessus de tout. Jamais je n’avais entendu parler d’une relation comme celle que nous vivons aujourd’hui, sauf dans les romans ou dans les légendes…

« -Wahoo, s’exclama-t-il, je suis une légende vivante alors… »

Je ne pu m’empêcher de sourire franchement, ce qu’il ne manqua de voir dans le reflet de la glace qui nous faisait face. Enfin il allait mieux...

Ma main caressa sa joue encore humide d’une larme qu’il n’avait pas cherché à me cacher, preuve si j'en avais besoin de son amour pour moi et la peur de me voir m'éloigner à nouveau...

Moi non plus mon cœur je ne voulais pas te perdre ; mon univers aujourd'hui c'était toi ; ma raison de me manifester n'était que pour que tu sois bien... Que vous soyez tous bien, vous qui me manquiez tant... Nous étions loin lui et moi de savoir il y a un an, combien notre complicité avait encore à apprendre....

A la mi décembre, les vacances de noël allait commencer, quand survint l'évènement qui encore une fois allait tout bousculer....

Depuis quelques jours tu avais pris l'habitude d'aller chercher Mathieu sur le chemin du lycée... J'étais content que tu te rapproches de lui ; il avait repris le chemin des cours.... il allait visiblement mieux et même si certains jours il avait encore quelques idées noires, ta présence à ses côtés l'aidait à reprendre pied dans son univers...

Ce matin là, comme c'était devenu une habitude, tu étais resté avec lui jusqu'au moment de la sonnerie de prise des cours... Il t'avait salué d'un signe de la main, te donnant rendez vous à l'heure du midi au réfectoire ou vous aviez maintenant l'habitude de déjeuner ensemble.... Comme d'habitude, je restais avec toi de longues minutes encore, et comme chaque matin, je voulus rejoindre ma classe et ne pas faillir au petit coucou de notre ami...

Ce matin là pourtant, me projetant comme j'avais pris l'habitude de le faire je ne me retrouvais pas au beau milieu de ma classe, mais dans un des vestiaires du complexe sportif attenant au lycée....

Mathieu s'y trouvait, et avant que je ne puisse me poser de questions, je compris qu'il n'y était pas seul et qu'il avait été emmené de force dans l'endroit désert à ce moment de la matinée...

Ils étaient trois autour de notre compagnon et tandis que deux d'entre eux le maintenaient le dos plaqué à un espalier, le troisième s'amusait à le voir paniquer de sa situation... Il avait une corde à la main, et s'employait à lier les poignets de leur victime au barreau de l'agrès... Une fois Mathieu à sa merci, celui qui semblait être le meneur du groupe s'approcha et ses mains palpèrent Mathieu sur la totalité du corps....

"Laisse toi faire, tu vas voir ce que c'est qu'un vrai mec... Ton cul va en redemander..."

Ce fut tout ce que j'entendais, mais il ne m'en fallait pas plus pour comprendre l'horreur de la situation...

Instantanément, je me retrouvais dans la classe de Jérémy, et lui criais presque au visage :

" -Jerem, Mathieu, vite"

Jérémy sursauta sur son siège, et bien sur sa réaction surpris tout ceux qui l'avait remarqué.... Beaucoup plus doucement je continuais...

" -Demande à sortir, vite...."

Il mit quelques secondes à réagir, et le demandant, il fut autorisé à quitter le cours. Son professeur s'enquit de savoir s'il voulait être accompagné, mais Jérémy déclina l'offre prétextant juste une indisposition... Une fois dans le couloir, j'expliquais à mon ami la raison de mon irruption en plein cours ; aussitôt, il se mit à courir pour rejoindre l'endroit que je lui avais décrit...

Mathieu essayait de luter pour échapper aux trois autres, mais seul contre trois et entravé comme il l'était, il ne pouvait rien faire. Des rires gras emplissaient le vestiaire ; Mathieu pleurait, ce qui semblait encore augmenter le plaisir de ses tortionnaires...

Son tee-shirt lui avait été relevé et passé au dessus de la nuque ; les trois monstres s'amusaient avec la pointe de ses seins et le meneur s'était attaqué a la ceinture de son jeans.... Complètement perdu devant l'abomination qui se jouait dans la pièce, je me sentais pleurer, impuissant que j'étais de la situation...

Après quelques minutes à se débattre, comprenant que personne ne pouvait rien pour lui, Mathieu abandonna la lute. Il ferma les yeux sur son calvaire quand il sentit son jeans glisser le long de ses jambes et la main de l'autre se glisser dans son sous-vêtement pour se refermer sur lui... Il ne voulait plus rien entendre... Il ne voulait plus rien comprendre... Il souhaitait seulement que cela se passe vite et que cela finisse.....

Enfin, comme dans un sursaut de vie, il entendit des coups violents qui frappés à la porte du vestiaire, couvrirent les rires et les pleurs mêlés.... Sans demander leur reste, les trois affreux s'enfuirent par un autre accès, tandis qu'enfin, Jérémy à force de batailler avec la porte, réussit à entrer dans la pièce.

Comme dans un mauvais film d'horreur, il trouva Mathieu en larme encore attaché à l'espalier, le te-shirt relevé, le boxer baissé sur les cuisses....

Mon Jerem courut presque jusqu'à son ami, le délivrant de ses liens, il remonta lui même le pantalon de Mathieu prostré, pleurant, incapable de la moindre réaction.... Dans un geste de protection, il s'accrocha au coup de Jérémy avec force et hurla toute sa douleur...

Moi je ne pouvais que pleurer sur ce dont j'avais été le témoins. Jérémy serrait Mathieu contre lui essayant de trouver les mots pour le rassurer.... Mais quels mots peuvent trouver échos aux oreilles de celui qui vient d'être sali ? Les deux garçons pleurèrent ensemble de longues minutes..

Parvenant enfin à calmer son compagnon, Jérémy l'aida à se relever et l'emmena à l'infirmerie du lycée. Notre petit bahut d'ordinaire si calme, vivait là un événement dramatique ; personne ici n'aurait pu imaginer une manifestation d'homophobie au sein même de l'établissement...

Mon amour passa le restant de la matinée auprès de notre ami ; Mathieu d'ailleurs refusait qu'il le laissa, et c'est ensemble qu'ils rencontrèrent la Direction du lycée puis la police que le proviseur avait tenu à avertir... Nul doute que les trois loubards allaient se souvenir longtemps de leur jeux douteux...

Jérémy fut pressé de questions auxquelles il n'aurait pu répondre sans ma présence... Il n'avait pas vu les agresseur de Mathieu, mais bien vite je le renseignais et prétextant qu'il avait pu entrer dans le vestiaire avant la fuite des trois tortionnaires de notre compagnon, il dénonçât en les nommant les trois garçons. Interrogé de même sur sa présence sur les lieux, Jérémy réitéra son histoire d'indisposition et soutint qu'il avait entendu les cris de Mathieu en marchant prés du gymnase.

Au petits soins de l'infirmière, Mathieu et Jérémy se remettait doucement de leur mésaventure ; Les parents de Mathieu prévenus arrivèrent en fin de matinée pour le ramener à la maison ; avant de se quitter, les deux amis se serrèrent très fort et Jérémy promis à Mathieu de passer le voir le soir même...

Je pouvais enfin me rapprocher un peu de mon mec... Quand Mathieu s'en fut allé avec ses parents, Jérémy s'était isolé du bruissement de la cours ou l'évènement de la matinée était sur toutes les lèvres... Je le retrouvais un peu a l'écart des autres, ses yeux brillaient et ses joues étaient encore marquées de la trace des larmes qui venaient d'y glisser...

« - C'est fini mon beau.... Tu peux être fier de toi...

« - Moi ? Mais sans toi je n'aurai rien su mon ange...

« - Pas plus tard que ce matin je te disais Moi, c'est toi... Je crois qu'on a pas fini de se le dire, tu crois pas ?

« - Tu imagines si tu n'avais pas pu me parler...

« - Chuuttt mon beau, ne pense pas à ça... c'est fini... Par contre Mathieu va avoir besoin de toi...

« -De nous Kevin, de nous...

« - Si tu veux, de nous....

« - Tu ne m'a pas parlé de la matinée...

« -Pas osé jerem... Imagine que Mathieu m'ait entendu ? Tu imagines le choc ? Il pétait déjà les plombs, s'il m'avait entendu on ne le retrouvait plus...

« - C'est sur.... »

Nous restâmes un long moment à repenser à cette matinée d'horreur... Puis l'heure du déjeuner arrivant, Jérémy ne put se soustraire plus longtemps aux questions des autres élèves... Tous voulaient savoir comment allait Mathieu... Certains revinrent sur sa dépression récentes et soulignèrent la lâcheté de ceux qui s'en étaient pris à un garçon déjà fragilisé par le décès d'un ami proche....

Auréolé de son nouveau statut de super-héros dont il se serait bien passé, je laissais Jérémy avec ses amis de cours et me projetais auprès de Mathieu à fin de savoir comment il allait...

Je le retrouvais prostré dans son fauteuil, les yeux rougis ; tous les efforts qu'il avait fait sur lui même depuis quelques jours semblaient avoir été anéantis en quelques minutes.... Ses parents étaient à ses cotés, impuissant auprès de celui qui ne disait rien....

Ils connaissaient depuis toujours la sexualité de leur Mathieu ; il y a quelques années le sujet avait été abordé à la maison ; sans lui demander la moindre explication, ses parents lui avait fait comprendre qu'ils savaient et que cela ne devait pas changer l'ordre des choses... Mathieu avait appris la discrétion de sa vie sans pour autant se cacher de ce qu'il aimait... Il parlait rarement de lui, encore plus rarement des ses relations.... Il avait peu d'amis, semblant les trier avec soins et de ne garder dans son cercle proche que ceux qu'ils considéraient aptes à le comprendre et avec qui ils pourraient parler de ses envies et de ses choix...

Ce matin pourtant l'agression dont il avait été l'objet lui faisait peur ; jamais au lycée ou dans son entourage il n'avait discerné la moindre animosité autour de lui, hors c'était clairement son homosexualité qui avait été attaqué par les trois lâches.... l'image de ses agresseurs ne s'effaçait pas, et jamais il ne pourrait oublier leurs rires et leurs moqueries... Il se resserrait sur lui-même, essayant de ne pas penser a ce qui se serait passer sans l'arrivée de Jérémy.. Il le reverrait longtemps encore courir vers lui pour le détacher et le rhabiller... Une question cependant le tourmentait... Comment Jérémy connaissait il l'identité de ses trois tourmenteurs ? Mathieu en était certain, contrairement à ce qu'avait déclaré son ami, les trois garçons avaient déjà quitté la salle quand il était enfin entré dans le vestiaire. Il se promit de le lui demander ce soir quand il le pourrait.

Pour sa part, il n'aurait pas à retourner au lycée avant la fin des vacances, le médecin qui avait été appelé par son père lui avait demandé de rester à la maison quelques jours, et la fin de semaine marquait le début des vacances de Noël.

Le tranquillisant ordonné par le médecin commençait à l'endormir ; il se cala dans son fauteuil et fermant les yeux il sentit le sommeil l'envahir.

Je retrouvais Jérémy au moment ou il aurait dû reprendre les cours... Il ne me fallut pas longtemps pour comprendre que mon compagnon non plus n'avait pas totalement récupéré de l'horreur de la matinée ; au moment ou je manifestais mon retour à ses côtés, il se rendait au bureau des surveillants ; Il annonça son désir de rentrer chez lui et se reposer le reste de la journée... Bien évidemment sa demande fut acceptée et après avoir été s'excuser auprès du professeur qui l'attendait, nous reprîmes le chemin de la maison.

«  -Tu penses a quoi mon beau ?

«  -A lui... A toi... A nous... Ce soir j'ai pas envie de lui raconter d'histoire..

«  -Je pense que tu as raison, mais vas y doucement quand même...

« -Tu seras là non ?

«  - Si je suis invité...

«  - t'es bête

«  -Je sais, c'est pour ca que tu m'aimes... »

C'est une maison vide qui nous attend... Ses parents au travail, son frère en cours, Jérémy monte directement dans sa chambre, et la porte à peine franchie, se défait de ses vêtements en les mettant tous dans le panier de linge sale...

«  -Personne ne me comprendrai mon Kevin, mais j'ai mal moi aussi... En attaquant Mathieu ce matin,ces malades t'ont touché toi... Et j'ai mal pour ça.... ca aurait put être moi... 

«  -Moi je te comprends mon cœur, mais ca ne servirait à rien de ressasser cela... Crois moi, ils vont se souvenir longtemps de leur connerie ».

Il s'appuya dos au mur essayant de se vider l'esprit de ce qu'il avait vu et vécu... je me collais à lui, lui montrant à ma manière combien je l'aimais... Il ne put s’empêcher de laisser couler quelques larmes ; mes doigts sur ses joues ne les essuyaient pas, mais quand il vit dans le reflet de son miroir que comme lui je ne pouvais retenir mas pleurs, il me tendit sa main pour nous embrasser...

Jérémy prit une douche rapide, suite à quoi nous nous allongions côte à côte. Il me demanda comme il en était devenu une habitude, de glisser ma tête dans le creux de son épaule ; il finit lui aussi par s'endormir rattrapé par la fatigue de la journée. Il dormit presque une heure...

En ouvrant les yeux, il fixa le grand miroir de sa chambre, me fit un pâle sourire en croisant mon image et me tendit la main ; du bout de mes doigts, je touchais le bout des siens, et nous restions de longues secondes comme cela, tout simplement à savourer notre petit bonheur d'être toujours unis...

Un peu plus tard dans l’après-midi toute la famille était à nouveau réunie, et Jérémy expliqua les événements de la matinée . Alain son père, s'enquit aussitôt du téléphone de la famille de Mathieu et appela ses parents pour prendre de ses nouvelles. Mathieu allait un peu mieux, il avait dormi une bonne partie de l’après-midi, et attendait comme promis, la visite de Jérémy.

Avant de raccrocher, les parents de Mathieu insistèrent pour que Jérémy resta à diner ce soir là. Ce que mon compagnon accepta bien volontiers.

C'est dans le même état de fébrilité que moi que Jérémy arriva au domicile de notre compagnon... Nous savions lui comme moi que nous ne voulions pas mentir à Mathieu ; Je savais que comme mon amant, Mathieu avait la faculté de m'entendre, mais si je devais me manifester à lui, nous étions d'accord Jérémy et moi, c'est lui Mathieu que devrait en parler d'abord...

Ce fut lui qui accueillit Jérémy en ouvrant la porte de la maison... Les deux amis s' ettreignirent de longues secondes, puis Mathieu fit les présentations qui avaient été négligées dans la matinée.

Autour d'un verre ou les deux copains étaient assis côte à côte dans un profond fauteuil, Les parents de Mathieu demandèrent une nouvelle fois à Jérémy de leur dire comment il était venu au secours de leur fils ;

Pour leur répondre, Jérémy heureusement n'eut pas à croiser le regard de son ami. Il redonna dans l'ordre les explications qu'il avait donné le matin même au Proviseur et à la Police et quand à la fin du récit il tourna le regard vers Mathieu, il le trouva le visage baissé... Quand il releva les yeux, il prit Jérémy par le cou, le serra contre lui et lui glissa a l'oreille :

«  -Tu as oublié quelque chose.... Tu me diras après... »

Mathieu se redressa un sourire sur les lèvres, et Jérémy ne put que le lui rendre...

Le repas fut pris dans une très bonne ambiance. Heureusement , tout le monde put constater que l'accident de la matinée avait moins blessé Mathieu que ce que l'on aurait pu craindre pour lui...

Son ami à ses côtés, Mathieu se sentait bien... Jérémy avait été le seul à lui tendre la main... Bien que amant de Kevin, il ne l'avait pas rejeté, lui Mathieu, quand il lui avait dit sa passion pour celui qui était parti....

Sans ses visites et le soutien de cette amitié qu'il sentait naître entre eux, il ne se serait certainement jamais trouvé la force de repartir au lycée ou il sentait le regard des autres sur ses épaules... Personne ne lui avait rien dit, mais il sentait les sourires moqueurs, il voyait les amis d'hier se détourner à son approche... Les choses de sa petite vie s'effritaient, il commençait à en perdre le goût quand Jérémy était arrivé vers lui...

A la fin du repas, Mathieu demanda à ses parents de pouvoir se retirer dans sa chambre avec Jérémy Son père le lui accorda prétextant avoir un travail à faire et devoir regagner son bureau, sa mère quand à elle fit sourire tout le monde en disant que pour elle le bureau s'appelait cuisine et rangement...

Jérémy découvrit ainsi la chambre de son ami... Une belle et grande chambre meublée et décorée avec goût. Un grand bureau et une bibliothèque faisait face à l'entrée, séparant le reste de la pièce plus pensée en partie détente... Un petit fauteuil faisait face à un écran TV surmonté d'un grand miroir, et au fond un grand lit prenait presque toute la largeur de l'endroit.

La porte refermée derrière eux, Mathieu posa une main sur l'épaule de Jérémy Celui ci lui fit face, et les deux garçons s'enlacèrent à nouveau.... Ils ne se parlèrent pas pendant de très longues secondes.... Mathieu enserrait la taille de son ami de ses deux bras ; Jérémy quand à lui, lui entourant les épaules et le serrant contre lui... Ce fut Mathieu qui rompit un silence que tous les deux savaient grave ;

«  -Je voudrai que tu me redise encore une fois ce que tu as dit a tout le monde Jerem...

«  -Pas la peine de tout te répéter, je sais que quelque chose te dérange dans ce que j'ai pu dire...

«  -Tu n'as pas vu les trois mecs dans le vestiaire...

«  -Tu as une explication ? »

Les deux garçons étaient encore enlacés, Mathieu enserra un peu plus la taille de son compagnon, mais celui ci releva un peu la tête... les deux garçons accolés se regardèrent quelques secondes dans les yeux....

«  -Tu te souviens quand je suis passé la première fois te voir ici ? Je t'ai dit que certaine chose n'étaient pas toujours faciles a comprendre.. ou même étaient parfois inexplicables...

«  -Pour tout le monde, ton malaise de ce matin et m'avoir entendu crier est passé.... Moi je trouve ca un peu gros...

«  -C'est parce que toi tu sais que ca ne s'est pas passé comme ca, enfin pas totalement...

«  -Tu me fais peur Jerem..

«  -Je t'ai déjà dit que tu n'avais pas à avoir peur de ce que tu aimes....

«  -Je n'ai pas peur de toi... »

Les deux garçons se regardent intensément, Jérémy prend le visage de son ami entre ses mains, et lui dépose un petit baisé sur le front... Avant que Jérémy ne put réagir, Mathieu l'a prit par la main, et le pousse a s'assoir dans le petit fauteuil devant lequel trône un grand miroir couvrant presque toute la hauteur du mur... Pour ma part je reste a l 'écart de mes deux amis...

De leur nouvelle position dans la pièce, si comme Jérémy Mathieu avait la possibilité de deviner mon image au travers d'un miroir, je devais attendre et surtout ne pas l'effrayé par ce que nous ne comprenions toujours pas mon amant et moi...

Jérémy est assis sur la droite du fauteuil, Mathieu ne se formalise pas, et sitôt assis pose la tête sur l 'épaule gauche de son compagnon. Comprenant sa demande, Jérémy lui ouvre son bras, et entoure les épaules de celui qui tremble sous la douceur du geste....

«  -Tu n'as rien à craindre Math, et moins de question tu te poseras... Moins de réponses tu auras à te trouver....

«  -Par rapport à ce matin ? Tu ne veux pas me dire ?

«  -Je n'ai pas dit ca math... Je te dit simplement qu'il n'est pas toujours nécessaire de chercher a comprendre ce que tu crois impossible et qui pourtant existe...

«  -Kevin ?

«  -Quoi Kevin ?

«  -Ce matin ? Tu étais avec Kevin ?

«  -Tu me croirai si je te disais oui ? »

Mathieu s'est relevé sur un coude, il regarde à nouveau intensément celui qui est en train de lui parler, et il sait qu'il peut faire confiance à ce garçon... Il est prêt à tout entendre même si quelque part il le sent, la vérité va être difficile à admettre...

«  -Je ne sais pas si je te croirai Jerem... Mais si tu me donnes une explication rien qu'à moi, je suis sur que comme j'ai choisi de le faire déjà, je peux te faire confiance...

«  -C'est gentil ca...

«  -Pourquoi tu n'avais pas remarqué ?

«  -Que ?

«  -Que j’étais gentil... »

Les deux garçons se sourirent. J'étais heureux pour eux... Jérémy avait la main de Mathieu dans la sienne, il caressait les phalanges de son ami dans un geste qui ne m' était pas inconnu....

«  -Alors ce matin, tu me dis que Kevin était avec toi ?

«  -Non, Mathieu, je ne t'ai pas dit que Kevin était avec moi...

«  -S'il te plait Jerem, dit moi... c'est important...

«  -Oh que oui c'est important, c'est pas avec moi qu'il était Kevin... C'est sur toi qu'il veillait... Si tu ne le savais pas, nous avons toi et moi le même ange gardien et c'est lui qui a réagit a tes cris, pas moi... »

Nouveau silence entre les deux garçons qui ont maintenant les doigts entremêlés... Après de longues secondes Mathieu relèvent encore une fois les yeux et croisent celui dans les bras duquel il se sent si bien...

«  -Ce matin Jerem ? Tu es en train de me dire que Kevin t'a prévenu ?

«  -Je lui ai promis de ne pas te mentir...

«  -Ce que tu me disais ? Tu ne me disais pas cela que pour me remonter le moral alors ? C'est vrai que...

«  -Que je lui parle et qu’il me répond... Oui Mathieu... »

Les doigts de Mathieu se sont figés ; il ne suppose pas un seul instant que son compagnon se joue de lui... A nouveau il se redresse, et au regard de Jérémy il sait qu'il peut avoir entière confiance dans les dire de son nouvel ami...

«  -ca se passe comment ?

«  -Comme maintenant...

«  -Comment ca comme maintenant ? Tu veux dire que là il t'entends ?

«  -Tu m'as dit que tu n'avais pas peur...

«  -Il te parle ? Je veux dire même ici ? »

Jérémy ne peut retenir un sourire, Mathieu est complètement relevé et scrute le regard de son compagnon...

« -Tu m'avais bien dit que tu avais l'impression qu'il te disait bonjour chaque matin ? Et qu'il te disait qu'il allait bien ?

«  -Je ne t'ai pas dit ce qu'il me disait... mais, oui, c'est ca qu'il me disait... Qu'il allait bien.. »

Mathieu regarde son compagnon d'un autre œil, il a replié ses jambes sous ses fesses et ses deux bras resserrent ses genoux contre sa poitrine...

«  -Explique moi Jérémy, ca se passe comment ?

«  -Franchement je n'en sais rien... et lui non plus.... je lui parle, il me parle...Au début bien sur j'ai cru que je devenais dingue, puis il y a eu autre chose....

«  -Comment ca ? Quoi ? »

Jérémy soutien longuement le regard de son compagnon, puis se lève doucement...

Mathieu le regarde les yeux ronds d’inquiétude, s'approcher du miroir qui leur fait face....

«  -Math, quand je suis venu te voir ici, je t'ai dit de ne pas avoir peur, qu'il allait bien et que tu devais toi même lui dire combien il te manquait...

«  -C'est vrai, mais tu sais je pense que là ou il est , il sait comment il me manque....

«  -Alors, dit lui...

«  -Quoi ? Maintenant ?

« Viens là, viens avec moi... »

Pour la première fois depuis mon départ, je ressens dans la pièce une telle tension, que j'ai l'impression d'en sentir mon cœur battre.... Mathieu, un peu inquiet, s'est levé, Jérémy l'a pris entre ses bras et doucement lui dit :

«  -Je sais bien que tu trouves ca fou... absurde... Que tu es en train de me prendre pour un fou... Mais n'ai pas peur Mathieu,je suis là, si tu as envie de lui dire qu'il te manque, ou autre chose, dit le lui.... »

Mathieu reste près de deux longues minutes a fixer le sol, puis il poses ses mains sur celles de Jérémy, il regarde son compagnon au travers du miroir et dit enfin....

«  -Kevin, je sais pas si tu peux m'entendre, mais je te jure que tu me manques trop... On a pas eu le temps de se dire tout ce que je voulais te dire... Je sais pas si tu me parleras un jour à moi aussi, mais j'aimerai tellement savoir que tu es là et que tu nous entends.... »

Je me suis approché de mes deux amis... quand il m'a vu dans le reflet du miroir, Jérémy m'a souri, Mathieu lui n'a aucune réaction....

«  -Je suis là Mathieu, et surtout n'ai pas peur... »

Comme mon amant plus de deux semaines avant cela, Mathieu a un sursaut de frayeur et se retourne vivement enfouissant son visage dans le creux de l'épaule de son ami... Il tremble de tout ses membres et Jérémy l'oblige à se rassoir dans son fauteuil.

Mathieu a un regard terrorisé, regarde cette chambre qu'il connait pourtant mieux que personne en cherchant lui aussi une réponse à ce qu'il vient de vivre... Jerem l’entoure de ses bras tout en le rassurant...

«  -Tu vois, je ne te demande pas si tu as entendu...

«  -Si tu n’étais pas là, je hurlerai de peur...

«  -C'est pour cela qu'il ne t'a pas reparlé depuis ta crise de nerf dans la salle de classe, ce que je peux te dire c'est que même après, il était toujours avec toi, chaque matin, mais il n'osait plus te parler...

«  -Alors le matin ce que j'entendais...

«  -Oui, il te répondait, mais il ne savait pas que tu l'entendais.... »

Mathieu se calme quelque peu, deux larmes ont glissés sur sa joue, Il est toujours entre les bras de Jérémy, et je sais maintenant que s'il peut m'entendre, il ne me voit pas comme son compagnon...

De longues minutes plus tard, Mathieu sait tout de ce qu'est notre relation entre Jérémy et moi, avec crainte il s'est approché à nouveau du miroir mais il ne peut me voir, aussi Jérémy lui décrit mes gestes les un après les autres et à demandé a Mathieu de tendre la main devant lui.... En fermant les yeux notre compagnon a timidement tendu son bras, et doucement je lui ai frôlé le dessus de la main... Il a vivement retiré le bras pour, l'instant d’après tendre ses doigts devant lui.....

La soirée est très avancée quand Jérémy quitte son ami... Les deux garçons s'enlacent en s'embrassant ; quand les deux corps se séparent, les yeux de Mathieu sont encore luisants... Jérémy lui donna un petit baisé sur ses lèvres serrés et lui dit :

«  -A demain Math, et fait de beaux rêves...

«  -A demain vous deux, je vous aime... »

Nous aussi Mathieu nous t'aimions très fort... Après avoir salué les parents de son ami, Jérémy rentra chez lui... Quelque chose avait changé... Je n'en doutais pas, Mathieu avait su se faire convainquant....



La suite, très bientôt...





Par ma-vie-dapres - Communauté : Roman gay Rose
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Mercredi 25 mai 3 25 /05 /Mai 14:04

 

Après les cours, comme il me l’avait promis, Jérémy se mit à la recherche de Mathieu, il le trouva prés de l’abri réservé aux deux roues. Il était seul, un casque à la main, sac à dos sur les épaules prêt à enfourcher son scooter. Quand il aperçu Jérémy, Math baissa les yeux, comme s’il refusait par avance tout contact, pourtant mon compagnon s’approcha de lui et sans détour engagea la conversation :

« -Salut Math, j’ai appris que ca n’allait pas trop ce matin ? Ça va mieux j’espère ?

« -Qui t’a dit çà, répondit Mathieu, un brin d’agression dans la voix

« -Peu importe qui me l’a dit Math, l’important c’est que des gens pensent à toi, et aient eu envie de me le dire, parce que si je ne me trompe pas, on a le même sujet de souvenir en ce moment non ?

« -Oué, ben toi on dirait bien que question souvenir tu l’as déjà oublié Kevin, moi tu vois, j’y pense tout le temps, tous les jours quand je m’assois à ma place, je pense à lui qui était là à côté… »

La réponse de Mathieu est cinglante, son ton est presque violent, mais Jérémy ne se laisse pas désarmer, et continue :

« -Je suis sur que tu y penses et ca ne fait pas de doute, mais tu n’as pas le droit de dire que je l’ai oublié, car rien ne te permets de juger de ce que je ressens, ni la manière dont je gère la perte de Kevin. Je suis certain qu’il manque à bien d’autres personnes qui elles ne le disent pas forcément… Je pense surtout que chacun gère çà à sa manière, c’est le droit de chacun. »

Les deux garçons se regardent, et Jérémy continue après une courte pose :

« -Ce qui me dérange par contre, même si je n’ai rien à y voir, même si l’on n’est pas intime, c’est que tu en tombes malade. Hier j’ai eu un dial avec mon paternel, j’avais pas pensé à un truc, mais là ou il est le Kevin, il continue surement à penser à nous, et qu’il doit surement nous vouloir autrement que les yeux pleins de larmes »

« -Parce que toi tu vas croire à ces conneries de paradis, de mec mort qui continue à regarder ceux qu’ils ont connu pour leur faire plaisir, ou leur jeter des sorts ? »

« -Bien sur que non math, mais c’est peut être mon truc a moi de penser juste un petit peu, qu’il est quelque part à veiller sur nous, ou tout au moins à avoir le droit de nous suivre dans notre vie à nous… »

A nouveau les deux garçons se font face, et Mathieu qui semble se calmer quelques peu, continu sans pouvoir contrôler une larme qui roule sur sa joue :

« -Si tu savais ce qu’il me manque Jérémy, c’est pas croyable mais tous les matins quand j’arrive en cours, j’ai l’impression de l’entendre me parler, j’ai l’impression qu’il est là tout prés… »

Jérémy regarde longuement Mathieu, il baisse les yeux, et je l’entends répondre :

« -Moi aussi Math j’ai l’impression qu’il est là, et à moi aussi j’ai l’impression qu’il parle par moment. 

« -je peux te poser une question Jerem ?

« -Si tu veux bien sur…

« -C’est indiscret…

« -Vas y, t’inquiète pas, j’assume…

« -Kevin ? Kevin et toi ? C’était autre chose ? Non ? »

Les deux garçons viennent de franchir un palier d’intimité, et témoin privilégié que je suis, les larmes me prennent quand j’entends Jérémy répondre avec franchise après un court silence :

« -Oui, Math, Kevin et moi c’était autre chose comme tu dis. Kevin était plus qu’un pote de lycée. Pour tout dire, Kevin était mon mec, et c’est pour çà que je suis là. Je voulais savoir comment t’allais. J’étais sur que c’était çà le blem de ce matin Math et en pensant à lui, comme il l’aurait fait lui, je suis venu te dire que si t’as besoin, ben je suis là…

« -J’ai compris pour vous deux le jour de l’accident, d’ailleurs, je crois qu’ici tout le monde s’est douté de votre relation, personne n’a rien dit, même si j’ai eu souvent envie de t’appeler… Ben voilà, on a parlé quand même…

« -Mathieu, Kevin et moi on s’aimait et on était heureux ensemble. Kevin est un mec que je ne pourrai jamais oublier, tu vois pourquoi tu n’as pas le droit de dire ce que tu as dit tout de suite ? Et tu vois, si personne ne le savait, ce n’est surement pas que nous nous cachions ; simplement notre vie était à nous. Maintenant qu’il est parti, Math, je fais pareil, je le vis pour moi, j’ai des souvenirs que personne n’a de lui.

« -Je suis désolé, Jerem, j’ai été trop con… »

Les deux garçons se rapprochent, Mathieu tend la main, mais Jérémy se rapproche encore plus et enserre la taille de son compagnon. Mes deux amis s’étreignent, et je sus à cet instant que ces deux là n’en resteraient pas là de leurs confidences….

Quand ils se séparèrent, Jérémy lui fit promettre de l’appeler s’il ressentait le besoin de parler ; mon compagnon de classe accepta l’invitation, et Jerem s’écarta après l’avoir embrassé sur les deux joues.

Longuement, Math assis sur la selle de son scoot regarda mon amour s’éloigner, le regard métamorphosé par rapport à ce dont j’avais été témoin le matin même.

Quand je le retrouvais quelques instants plus tard, Jérémy était accoudé à la barrière de béton qui longe le canal traversant notre ville. Les yeux dans le vide, l’air songeur, la discussion d’avec Mathieu semblait l’avoir ébranlé plus que je ne le pensais…

« -Tu vas bien mon ange ? 

« -Ça va Kev, ca va, mais il est drôlement secoué le Mathieu, il me ferait presque pleurer le con…

« -Hier tu n’étais pas mieux tu sais…

« -C’est vrai, dit-il, et on ne peut pas le laisser comme çà, t’es bien d’accord ?

« -Bien sur que je suis d’accord… Mais tu as entendu ce qu’il a dit ? Qu’il avait l’impression de m’entendre tous les matins… Il avait la sensation que j’étais souvent prés de lui…

« -Et c’est vrai ?

« -Que je lui parle ? Oui… Non… C’est, pas un dial, pas comme avec toi, c’est juste que le matin quand il me dit son bonjour, ben moi je lui réponds, rien d’autre…

« -Comment savoir ? Et comment lui pourrait t’entendre comme moi ?

« -Tu te souviens de ma mère dans le bureau du Directeur ? Elle aussi était certaine d’avoir entendu quelque chose…

« -Oui mon ange, je me souviens. Çà voudrait dire que c’est bien l’amour profond qui ferait çà ? Que nous puissions t’entendre ?

« -Je ne peux pas te répondre Jerem, tu es le seul avec qui je parle vraiment. Une chose est sure, il n’y a qu’en essayant que je le saurai…

« -Et tu penses le faire vite  ?

« -Jerem j’ai mis deux mois à oser te parler, j’avais tellement peur de ta réaction… Imagine que je croie être entendu, que je parle, et que ca se passe mal ?

« -Comprends pas. Si la personne t’entends, selon notre logique c’est qu’elle t’aime toujours autant qu’avant d’accord ?

« -D’accord

« - Alors, Explique-moi pourquoi une personne qui t’attends pourrait mal prendre le fait que tu te manifestes ?

« -Tu as la mémoire bien courte mon doux Jerem. Souviens-toi d’hier, ta chaise de bureau a failli ne pas s’en remettre, et la bouteille de Soda elle, se demande encore ce qui lui est arrivée… »

Devant ces deux images, Jérémy ne peut retenir un éclat de rire.

« - Bon, je te l’accorde, il faut y aller doucement, il faut savoir d’abord si il peut réellement t’entendre ou pas…

« -Tu ne devrais pas avoir le plus mauvais rôle dans l’histoire… lui dis je sur un ton ironique

« -Comprends pas !

« Comprends pas, Comprends pas ! Il est pas si vilain que cela le Mathieu, j’en connais qui aimerai bien s’en faire un ami…

« -Quoi ? il est PD ?

« -Jerem !!!

« -Bon, quoi ? Il est gay ? Et bien je le consolerai d’autant mieux ; me répondit-il avec un sourire ; mais comment tu sais çà toi ? Tu m’as l’air de bien le connaître ton Mathieu…

« -Tien donc, mon doux Jerem qui se rebiffe, je connais Mathieu de part ses confidences, et tu sais deux gays cote à cote ne sont jamais long à se découvrir… Mon doux Jerem serait il en train de me faire une scène ?

« -Kevin, mon Kevin, tu viens à peine de revenir, comment tu peux croire que…

« -Mais je ne pense rien mon beau, je te taquine simplement. Je t’aime et je n’ai aucun doute sur ta passion, hier ton père, aujourd’hui Mathieu, bientôt toute la ville saura à ce rythme là…

« -Et bien, que la ville sache, me dit il en bombant le torse de manière théâtrale, l’important pour moi c’était le coming-out à mes parents, c’est fait, alors maintenant le ciel peut bien me tomber dessus, c’est pareil…

« -Il l’a fait…

« -quoi ?

« -Le ciel, il t’est un peu tombé dessus hier non ?

« -Ha oui, tu as raison, et bon sang, qu’est ce que ca fait du bien…. 

« -Juste une question mon beau… C’est bien vrai ce que tu lui as dit ? Que le lycée aurait pu être au courant, que cela ne t’aurait pas dérangé ?

« -Pour nous ? Avec le recul, je ne pense pas non, tu peux pas dire qu’on se cachait plus que de raison ? On voulait notre intimité à nous, mais si on en a parlé à personne c’est bien parce que ce que l’on vivait nous suffisait non ? »

Je suis forcé d’admettre qu’il dit vrai, et que nous étions bien, rien qu’à deux. Jamais la question de discrétion ou de cachette ne nous avait traversé l’esprit, nos vivions notre amour, nos jeux à nous et nous y étions bien, sans avoir besoin de nous ouvrir aux autres. Fallait-il pour cela le regretter aujourd’hui ? 

Tous les deux nous ne pouvons nous empêcher un sourire.

Nous étions un mercredi, et ce jour là, pas de cours l’après-midi. Avant que nous nous retrouvions seuls dans sa chambre, Mathieu me demanda si lui aussi, comme je l’avais fait le matin même, pouvait s’éclipser une heure sans que je sois à ses côtés…

Je ne m’inquiétais pas de sa demande, et lui promis de le laisser seul le moment demandé.

Aussitôt, je me pris à penser que le mercredi j’encadrais autrefois l’entrainement des minimes de notre club de foot, je repensais au stade, à son allure de ruche le mercredi après midi et instantanément je me retrouvais au beau milieu des vestiaires auprès des gars que j’avais eu à entrainer jusqu’à deux mois auparavant.

Je n’étais jamais revenu dans ces lieux ou j’avais connu tant de plaisirs, et de revoir ces visages amis me toucha profondément.

Quand je fis un tour des salles, me rappelant tel ou tel trophée, mon émotion fut grande quand je découvris accroché au mur, prés de l’entrée des vestiaires, un cadre portant ma photo surmonté d’une plaque en cuivre brun ou était marqué une petite phrase de souvenir ;

Rien n’avait changé, il n’y avait d’ailleurs pas de raison que cela en soit autrement. Le seul changement encore une fois était dû à ma personne puisque l’entrainement des jeunes était désormais assuré par celui qui me secondait dans ma tache de coach : mon frère Cyril ; J’étais heureux pour lui, le travail que nous avions accompli ensemble semblait avoir été reconnu, les jeunes l’avaient toujours apprécié et le fait que le choix se soit porté sur mon frère, quand il a fallu me trouver un remplacement, a certainement aidé l’équipe à surmonté ce que j’avais su difficile, comme pour tant de personnes que j’avais aimé.

Cyril, je pensais à lui, et voilà qu’il était là, devant moi, le stylo à la main, devant le tableau qui nous servait à disséquer nos tactiques de jeux. Tous les jeunes écoutaient ses explications, acceptant les reproches d’un match qui avait dut être pénible à jouer…

Le temps passait vite, j’allais bientôt pouvoir rejoindre mon désormais compagnon d’existence, quand sans savoir pourquoi, l’image de Mathieu s’imposa à moi : en cherchant à comprendre le pourquoi de ce subit intérêt, je le retrouvais dans un endroit qui m’était complètement inconnu, mais que j’identifiais comme étant certainement le salon de la maison familiale ; Il était seul, assis dans un profond fauteuil, il n’y avait pas un bruit dans la pièce, mon compagnon avait un mouchoir à la main et les yeux embués, ruminant je ne savais quelle pensée . Jérémy avait raison, nous ne pouvions pas le laisser, dans cet état.

Quand je retrouvais Jerem dans sa chambre, je compris son besoin d’être seul. Mon compagnon était en train d’installer un grands miroir qui placé comme il l’était, reflétait quasiment l’ensemble de la pièce et ne me permettrait surement pas de passer inaperçu aux yeux de mon aimé ;

« -Content de la surprise ? me demanda-t-il quand il croisa mon regard

« -Comment pourrait-il en être autrement mon amour ? Depuis hier j’ai retrouvé le Jerem que j’aime et qui va tellement mieux ; Aujourd’hui je n’ai pas besoin de plus pour être bien tu sais, mais si quoi que ce soit peux te permettre toi d’être heureux, je dis mille fois oui….

Quand il eut terminé ses travaux, Jérémy avait modifié la disposition de son mobilier, de telle manière que même assis à son bureau, il puisse avoir son miroir en point de mire. En plus du coté secret-pratique que cela nous apportait, son espace s’en trouvait virtuellement agrandi, ce que ne manqua pas de souligner sa maman surprise de tant d’ardeur de la part de celui qui ne voulait jamais que l’on ne dérange ses affaires.

Quand quelques temps plus tard Jérémy vint s’allonger à mon côté, je ne pus qu’apprécier son idée, je ne pouvais pas voir mon propre reflet dans la glace, mais la manière dont Jérémy s’allongea me prouva s’il en était besoin combien nos étreintes lui manquaient…

Se guidant du reflet que je lui donnais, il s’allongea sur le ventre, une jambe recouvrant une des miennes, la tête calée dans l’image de mon épaule. De ma main je vins caresser sa joue, et ayant vu venir le geste, il ne tressaillit pas à mon contact, au contraire, il se détendit imperceptiblement, et fermait les yeux.

« -Je suis bien Kev, Si tu savais ce que çà fait du bien que tu sois là…

« -Je suis bien aussi mon amour, pourtant il ne faut pas t’attendre à plus, je ne pourrai surement rien te donner de meilleur…

« -Je sais mon ange, mais rien ne nous empêche d’espérer, regarde le chemin depuis hier ; qui sait ce que demain nous réserve ; moi non plus mon Kevin je ne demande rien d’autre. J’ai tellement cru t’avoir perdu complètement que je ne vais pas prendre le risque de perdre ce que j’ai retrouvé.»

Je ne répondais pas, continuant de mon doigt suivre les courbes de son visage ; Longuement nous sommes restés là, allongé sans un bruit, comme nous aimions tant le faire, heureux simplement de n’être que tous les deux.

Les jours qui suivirent furent à l’image de ces deux jours passés auprès de mon compagnon. Nous nous étions habitués à nous, dans la plus grande discrétion, et surtout lors de nos discussions.

Nous avions frôlé l’incident, quand un jour le frère de Jérémy était entré doucement dans la chambre. Mon compagnon ne l’avait pas entendu, tandis qu’afféré à son bureau, et le nez dans un devoir, il continuait seul la discussion que nous avions alors engagé ; levant la tête et me voyant un doigt sur les lèvres, il se retourna pour voir son frère qui était resté sur le pas de la porte, les yeux grands ouverts ;

« -Tu parles tout seul maintenant ?

« - Possible, répondit Jérémy sans se démonter… Je réfléchissais surement à haute voix, je n’ai pas fais attention.

« -Et tu parles de tes week-ends à tes devoirs toi. » Avait souri son frère

L’incident en resta là, Jerem en fut quitte pour quelques boutades de la part de son cadet, mais l’incident nous apprit à un minimum de mesures.

Une dizaine de jours d’après que je me sois manifesté à Jérémy, la dépression dont était sujet Mathieu nous inquiéta. Mon compagnon de classe avait fait le vide autour de lui, plus personne ou presque ne comprenait ses pleurs et son laisser aller ; Mathieu commençait même à sécher certains cours ; aussi, d’un commun accord avec Jérémy, nous décidions de nous en occuper.

Un lundi matin, alors qu’une fois de plus Mathieu ne se présentait pas en classe, et que Jérémy lui avait une matinée de libre, nous décidions de nous rendre directement chez notre ami après avoir vainement tenté de le joindre sur son portable.

Quand il ouvrit la porte après que Jerem eut insisté maintes fois sur le carillon, Mathieu nous apparu en caleçon, un grand tee-shirt sur les épaules, mais surtout les yeux gonflés de celui qui a trop pleuré ;

« -Toi ? Lança t il simplement à Jérémy

« -Oui Math, c’est moi, Puisque tu me donnes pas de news, je suis venu les chercher moi même tu vois

« -Les news elles sont pas bonnes, répondit il en s’écartant pour laisser entrer son visiteur. »

Jérémy entra dans le salon que je ne tardais pas a reconnaitre comme la pièce ou plusieurs fois déjà, j'avais eu à croiser un Mathieu en larme, la tête enfouie dans un coussin... Mathieu le précédant dans la pièce, et reprenant une place dans un fauteuil d’où nous venions certainement de le tirer, Jérémy resta quelques secondes devant notre compagnon, puis il retira son blouson avant de s’accroupir devant lui.

« -Math, tu veux qu’on parle un peu ? Tu veux me dire ce qui t’arrive ? Tu vas finir seul, tu déranges tout le monde. Il faut que tu rebondisses… »

Pour toute réponse, Mathieu leva le regard n’essayant même pas de dissimuler les larmes qui y coulaient.

De mon côté je revoyais la scène dix jours plus tôt dans la chambre de Jérémy, les mêmes larmes, la même détresse. J’avais repéré dans la pièce un miroir dont je me tenais éloigné ne sachant si Mathieu avait comme Jérémy la possibilité de m’y reconnaître ; Jerem eu sans doute la même idée que moi puisque lui aussi, ayant repéré le même danger, s’assit sur le bras d’un canapé aux côté de math, obligeant celui-ci à détourner son regard de l’objet.

Mon Jerem au grand cœur… J’avais devant moi le Jérémy que j’avais toujours aimé : Sensible, aimant, attentif à l’autre, mais jamais donneur de leçons... Encore une fois ce matin, allait devoir jouer de toute sa tendresse. Nous nous étions promis de soutenir Mathieu et malgré la crainte de me dévoiler à nouveau et de l’inconnu que cela représentait, j’avais promis à Jérémy de le suivre dans ce qu’il déciderait ce matin là ;

« -C’est cool d’être passé Jerem, mais ca va aller, je t’assure.

« -C’est ce que tu m’as dis il y dix jours Mathieu, je crois que j’ai été franc avec toi, j’en espérai autant, alors ? on va se parler ou pas ?

« -Tu veux savoir quoi ?

« -Tout, Tien, par exemple, mercredi tu me disais que tu avais l’impression de l’entendre parler, tu étais sur qu’il était prés de toi ? Tu peux m’expliquer ça un peu mieux ?

« -Je disjoncte Jerem, J’avais l’impression qu’il me disait bonjour tous les matins, tu m’as dit que toi aussi tu croyais ça non ?

« -C’est vrai !

« -Comment tu veux que je parle de ça ? Comment veux tu que j’explique que mon pote mort depuis deux mois et demi vienne m’embrasser tous les matins…

« -Évidemment, c’est pas simple ton truc, mais tu vois moi je comprends ce genre de choses, je crois que tu l’as réellement aimé le Kevin, pour en bouffer comme tu en bouffes aujourd’hui…

« -C était ton mec, je devrai pas te dire çà, mais je kiffais sérieux sur lui, mais jamais il a rien vu…

« -Ou alors il voulait rien voir ?

« -Maintenant que je sais pour vous deux, oui, c’est surement çà, il avait pas à chercher ailleurs puisque t’étais là…

« -Et aujourd’hui, tu en es ou ?

« -Aujourd’hui ?

« -Tu as toujours la même impression de sa présence, ou est ce que ca passe un peu ? »

Avant de répondre, Mathieu regarde timidement son compagnon, ses larmes ont cessées, mais ses yeux restent embués quand il reprend en baissant la tête…

« -Pas depuis Mercredi Jerem, depuis le jour où on a parlé toi et moi, je me suis surpris à l’attendre comme un con. J’avais surement tellement besoin d’y croire que j’entendais ce que je voulais entendre ; »

Jérémy reste quelques secondes sans répondre, lui comme moi sommes quasiment sur d’une chose, Mathieu m’entendait surement chaque matin quand je lui disais que j’allais bien. Depuis le mercredi qui avait été marqué par sa crise de nerf. Bien que je me sois rendu chaque matin auprès de mon ancienne classe, bien que chaque matin Mathieu me dispensait sa petite pensée, je m’étais retenu de lui répondre, espérant qu’il irait mieux et retrouverait une vie paisible ;

« -Tu es sur de çà aujourd’hui ?

« -Quoi donc ?

« -Çà, que tu entendais ce que tu voulais entendre ?

« -Faut être dingue, je sais, mais…

« -Je ne t’ai pas dit que tu étais dingue Math, parce que dans ce cas là, moi aussi je suis dingue…

« -Tu veux dire que…

« -Oui, je crois que je l’entends moi aussi, et tant pis si tu me prends pour un fou, mais figure toi que mon secret à moi, le fait que j’ai été mieux d’un seul coup tu te souviens ? ben c’est que non seulement je l’entends, mais que je lui parle aussi…

« -T’es trop con Jerem, c’est pas cool de se marrer avec çà.

« -ha parce que je me marre d’après toi ? Regarde-moi, est ce que je l’air de quelqu’un qui a envie de déconner là ?

« Mais tu te rends compte ? t’es en train de me dire que tu parles avec Kevin ? Mais tu dérailles Jerem, si c’est tout ce que tu as trouvé pour venir me parler, t’aurais pu trouver mieux crois moi… »

Jerem s’est redressé, et me regarde dans le miroir prés duquel je me suis approché, quand il baisse la tête et se retourne vers Mathieu, je sens l’émotion me gagner, je me rapproche de mes deux amis et pour montrer mon approbation à Jérémy dans son entreprise, ma main touche la sienne. Il a un très léger frémissement et continue à l’adresse de notre compagnon :

« -Tu penses réellement que je serai là à te torturer si j’essayais pas de trouver, de te trouver une solution ?

« -La solution serait que ce putain d’accident ne soit jamais arrivé c’est tout ;

« -on ne remonte pas le temps Math, ce qui est fait est fait, il faut s’apprendre à vivre avec c’est tout. »

Mathieu a relevé la tête vers Jérémy, ses yeux ont laissé s’échapper deux larmes qui coulent sur ses joues.

Son compagnon s’est rapproché, et tendrement lui passe un bras derrière la nuque, les deux garçons sont côte à côte, les yeux dans les yeux quand Jérémy reprend ;

« -On ne remonte pas le temps, mais il faut apprendre à ne pas s’arrêter avec le temps Mathieu. S’il te parle en classe, puisque tu en est persuadé ; pourquoi tu n’as pas essayé de lui parlé seul à seul..

«  -T’es complètement dingue toi !

« -Peut être math, peut être, n’empêche que ca m’a bien aidé d’y croire. »

Les deux garçons se soutiennent toujours du regard, Jérémy passe un bras autour du coup de son compagnon, l’attirant à lui. Sans aucune gène, Mathieu appuie son front contre l’épaule de son ami qui continue :

« -Il y a de temps en temps des choses qui s’expliquent pas Mathieu, à mon sens, il ne faut pas chercher à comprendre, si tu parles seul à Kevin, peu importe ce que tu entendras, si tu entends quelque chose. L’important sera que toi tu saches…

« -Arrête Jerem, tu me fous les jetons là."

« -Il n’y a pas de raison math,

« -Tu… Tu veux dire que tu lui parles vraiment c’est çà ? »

Jérémy prend de longues secondes pour répondre à son compagnon qui a toujours la tête dans le creux de son épaule, et prend une profonde inspiration avant de continuer :

« -En venant te voir ce matin, je savais qu’on en arriverait là ! Oui math, je lui parle, comme il me parle… Je sais que c’est complètement fou, que ça dépasse toutes les frontières de la raison, mais c’est pourtant ce que je vie. "

« -Je sais pas si j’ai le droit d’y croire Jerem, mais la prochaine fois que tu lui parles, pense à moi, et dis lui comme je pense à lui s’il te plait… »

Mathieu ne peut aller plus loin, ses sanglots l’ont rattrapé. Jérémy resserre son étreinte, et oubliant toute retenue Math pleure sans pudeur dans les bras de celui à qui il l’a compris, il peut désormais se confier.

Jérémy garde longuement son compagnon dans le creux de son épaule, ses bras se sont noués autour du dos et des reins de Mathieu. Quand il l’embrasse sur le front, Mathieu imperceptiblement se détend et relève le visage, retenant longuement son regard dans les yeux de Jérémy ;

« -Et toi, aujourd’hui qu’est ce que tu deviens ?

«  Moi ? Pour le moment je vie et j’accuse le coup, mais comme tu le vois je ne vais pas trop mal malgré tout. »

Sur cette dernière appréciation, après un long silence à se regarder tous les deux, Jérémy se leva et avant de partir serra a nouveau son compagnon contre lui.

« -Math, dit il sur le pas de la porte, ne t’inquiète pas pour Kevin, il va bien. Ce dont il a besoin aujourd’hui, c’est de savoir que les copains qu’il avait dans cette putain de vie aillent bien, eux aussi. Alors, si un de ces soirs tu en as envie, hésite pas à lui dire toi même combien tu l’aimes… »

Les deux garçons s’embrassèrent, puis Jérémy tourna les talons…

Alors que je ne m’étais pas encore manifesté, après quelques pas, il me demanda :

« -Pourquoi tu ne dis rien mon ange ?

« -Comment sais tu que je suis là mon beau ?

« -Je te connais mieux que personne Kev, tu sais çà non ? Je sais très bien qu’en temps ordinaire tu aurais aimé me parler de ce qui vient de se dire… »

« -Pourquoi ? On n’est pas en temps ordinaire là ? Tu sais, je crois qu’on va devoir s’habituer à ce temps ordinaire là… Tu crois pas ?

« -Ce qui veut dire ?

« -Que je t’aime, et que je n’ai pas envie que tu retiennes ta vie, uniquement parce que je suis revenu mon beau… Voilà, message passé ? »

« -Message passé mon Kevin d’amour. Mais vois tu, je ne retiens pas ma vie ; je t’aime et je vis très bien en ce moment ; et le Mathieu, il est bien gentil, bien mignon, mais en ce moment je ne suis pas sur que c’est moi qui l’intéresserai… »

Sur cette dernière phrase, nous avons un petit sourire tous les deux, nous nous connaissons assez Jerem et moi pour ne pas avoir besoin d’autres explications.

Le soir même, après sa journée de cours, je sentais Jérémy préoccupé. Nous nous connaissions assez, et je pouvais discerner chez lui, que la visite faite à notre compagnon le matin même, n’était pas sans laisser de traces. Conscient qu’il ne chercherait pas à entamer une discussion pourtant inévitable, je lançais l’engagement :

« -Les temps changent pas vrai ?

« -Tu veux dire quoi par là ?

« -Que lui te faisait mal ce matin, et que ce soir tu te fais mal à toi même mon beau…

« -Je ne me fais pas mal Kev, simplement cette manière qu’il a de parler de toi avec tant de sincérité et…

« -Et d’amour ?

« -Tu appellerais çà comment toi ?

« -Comme toi, Jerem, comme toi, c’est de l’amour, c’est sur. Coté sentiment, personne ne peut dire ce que les gens vivent, tu l’as tellement bien défini toi même l’autre jour ;

« -C’est vrai, mais dans ces mots j’ai l’impression de me reconnaitre, je suis en plein accord avec lui Kevin, il est trop sensible ce mec.

« -Et de ton côté, tu te sens bien avec lui c’est çà ?

« -Je crois qu’on a surtout un bon sujet pour nous rapprocher !

« -Et pour vous soutenir mutuellement aussi…

« -Possible…»

Nous étions tous les deux assis à son bureau, nos regards plongés dans le miroir qui nous faisait face, et j’avais posé la tête sur l’épaule de mon compagnon ; de longues minutes de silence suivirent notre discussion sans que nous ne nous lâchions du regard.

Beaucoup plus tard dans la soirée au moment de se coucher, mon compagnon allongé à mon côté prit appui sur son coude et selon une technique que nous avions développée par miroir interposé, d’une caresse sur son corps il me demanda de me rapprocher de lui. Quand il sentit mes doigts glisser sur sa poitrine et venir frôler la pointe de ses seins, Jerem ferma les yeux s’abandonnant à notre bonheur fait du peu qu’il nous restait.

J’avais son corps nu au bout de mes doigts, ce corps que je connaissais et à qui je ne pouvais plus donner le plaisir qu’il était en droit d’attendre ;

Quand la pointe de ses seins se mit à durcir et se tendre pareille à une prière, quand sa verge se gonfla et pointa vers son ventre, j’eus envie de plus, et comme au premier jour de nos retrouvailles, j’osais me glisser sur lui, porteur d’une tendresse, d’un baiser que cette fois encore il comprit…

Le regard tourné vers le miroir, Jérémy ne perdait rien de ma caresse ; la ressentait il ? l’imaginait-il ? J’étais incapable de répondre trop impatient que j’étais de lui donner ce qu'il me restait pour lui ;

Quand son souffle s’accéléra ; quand ses mains vinrent danser sur sa poitrine leur ballet de douceur, cajolant ses pectoraux et leur deux taches brunes durcies ; quand il caressa son bassin, ignorant au mieux le muscle tendu arrogant de puissance, je me glissais entre ses jambes ouvertes en compas et caressai de mes joues la hampe tendue à l’en faire mal. À travers le miroir je le voyais me regarder impudique d’amour, il se caressait sans retenue, un doigt fureteur ayant trouvé un passage jusqu’à ce jour inviolé… Jérémy arqua le bassin, empoigna enfin sa lance congestionnée, et se masturba avec force, soucieux de me faire partager l’intensité de ce qu’il m’offrait… Soudé du regard par le miroir, je sentais plus que je ne la devinais, la jouissance de mon compagnon et quand le premier jet du flot crémeux s’écrasa sur sa poitrine, je l’encourageais à se caresser longuement et à profiter pleinement de son plaisir….

Quand repus d’amour il se reposait les yeux ouverts, me fixant dans l’image du reflet, il me demanda :

« -Tu penses toujours que je retiens ma vie ?

« -Je pense surtout que tu n’as pas le droit de t’interdire autre chose…

« -Je n’ai pas besoin d’autre chose mon ange, tu me suffis bien assez…

« -Tu me disais ce midi que tu me connaissais mieux que personne Jerem ; tu n’arriveras pas à me tromper sur tes besoins ; moi aussi je te connais et je t’aime trop pour t’obliger à ne vivre que ce que tu vis en ce moment… »

Il ne me répond pas, mais sa façon de s’allonger sur son flanc, les yeux rivés à mon image, remplace tous les discours du monde ; aucun mot, aucune image ne peut expliquer ce que nous ressentions lui et moi à ce moment précis… Notre amour malgré l’épreuve, malgré notre séparation était resté intact comme au premier jour.

Nous nous étions découvert prés de deux ans plus tôt, une rencontre dans la cours de notre lycée, une amitié qui se crée autour d’un sujet anodin, puis les sorties, les discussions, les confidences qui mènent à l’intimité…

Contrairement à Jérémy, je n’ai jamais eu de doute sur ma sexualité, je lui ai dit très vite ma passion pour les garçons. Je ne voulais pas le tromper, jamais… Alors j’ai osé.

Je le revois assis en tailleur sur mon lit, m’écoutant gravement, comprenant mes craintes de le voir me rejeter ; je le revois me regarder sans un mot puis s’approcher, je revois son geste quand pour la première fois son bras s’est noué autour de mon coup, qu’il a attiré mon visage vers lui et quand nos lèvres se sont jointes pour un tout premier baisé… Immédiatement j’ai compris que j’avais trouvé celui qui me manquait.

Ce soir, mon amant comme à ce premier jour était dans mes bras. Comme au premier jour, le feu de notre amour brulait en chacun de nous et en regardant son reflet endormi, je ne pus retenir une larme, en me promettant de l’aider lui aussi à vivre sa vie.

La suite... Ici... 


Par ma-vie-dapres
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Mercredi 25 mai 3 25 /05 /Mai 13:58

 

Après mon départ dans les conditions que vous savez déjà, je suis resté quelques temps à la maison. Je ne pouvais rien faire d’autre que d’assister à la douleur des miens, ou rester auprès de maman, quand des heures durant elle s’allongeait sur son lit, tenant au creux de sa main, une petite photo d’identité.

Puis les jours ont passé ; même si je savais la douleur de mes proches toujours aussi présente, je la comprenais moins blessante pour eux, pour qui la vie devait continuer. Et puis surtout il y avait moi, je côtoyais chacun de leurs instants, de leurs moments de souvenir, de leurs larmes cachées ; je ne pense pas être le garçon égoïste, mais séparé d’eux, de leur amour comme je l’étais, chacun de ces moments était aussi dur pour moi que pour chacun d’entre eux.

Mes pensées allaient de l’un a l’autre et tel des flashs, il me suffisait de penser à l’une de ces personnes qui m’avaient été si proche, pour instantanément me retrouver à ses côtés ; c’est ainsi qu’entre maman, ou mon frère qui s’isolaient pour cacher leurs larmes, et mon père qui ne montrait rien, mais dont j’étais le témoin du chagrin sourd, enfouit furtivement le soir dans le creux de son oreiller, il m’arrivait de plus en plus de penser et donc de me retrouver auprès de celui qui symbolisait le mieux une histoire inachevée ;

Jérémy ne se remettait pas de mon départ. Le jour de l’accident par trois fois, j’avais réussi à me faire entendre de mon aimé. Après son malaise dans le bureau du Directeur de notre lycée, il avait bien admis avoir été surpris, croyant entendre ma voix, mais il avait refusé d’y croire, mettant cela sur le coup de l’émotion et de la douleur.

De peur de lui faire mal à nouveau, jamais je n’avais osé lui manifester ma présence à son côté.

Quelques semaines après mon départ, j’étais avec ma classe ; la vie avait repris, le chahut des cours aussi... Ma place auprès de Mathieu était resté vide, ou presque, car chaque matin sans jamais faillir à son habitude, mon compagnon de table posait son blouson sur le dossier que j’aurai dû occuper, tapotait le dessus de la table ou j’aurai du m’installer, et invariablement chaque matin, j’avais droit à sa petite pensée : 

« -Salut toi… »

J’étais seul, je les voyais tous, et chaque matin j’avais pris l’habitude à la même heure, de venir dans cette salle, d’attendre que Math se soit installé, et de lui répondre doucement :

« -Salut toi !, je vais bien »

Depuis le jour de l’accident, je savais combien Mathieu avait pleuré et pensait souvent à nos discussions. La fidélité qu’il s’imposait chaque matin m’obligeait à ne jamais faillir, et à être chaque jour à ses côtés.

Je ne pensais pas avoir été entendu de Mathieu, même si à quelques moments il avait tourné la tête, comme cherchant l’origine d’un bruit ou d’un souffle.

Il n’en a pas été de même de Jérémy.

Je ne faisais que penser à nos souvenirs amoureux, et par voies de conséquence, j’étais très souvent à ses côtés.

Pour un souvenir, une discussion dont j’étais le sujet, Jérémy s’effondrait, pleurait, et nous étions là, ensemble sans qu’il le sache, à pleurer un passé qui ne reviendrait pas ; c’est du moins ce que je pensais et lui surement aussi, jusqu'à cet après midi de décembre.

Ce jour là, Jérémy était installé à son bureau, attelé à des devoirs, quand sans prévenir, une fois de plus, il s’effondra avec entre les doigts une photographie que j’avais totalement oublié. Une photo que nous avions prise l’été précédent à l’aide de son téléphone portable. L’image était pliée, chiffonnée, mais elle était bien précise : elle nous montrait face à face, enlacés, lèvres jointes, rieurs tous les deux d’une photo faites pour narguer nos amis, mais tellement symbolique pour nous.

J’étais prés de lui, pleurant moi aussi devant la détresse de mon compagnon, n’osant toujours pas me manifester, quand Jérémy releva son visage inondé de larmes, il fixait notre photo et la voix pleine de sanglots me dit :

« - Tu m’as fait quoi Kevin ? Je t’aime, si tu savais ce que tu me manques, je t’aime… »

Et il s’effondra secoué de sanglots qu’il ne pouvait contrôler…

Je me senti malheureux comme jamais je crois je ne l’avais été depuis mon départ, et autant que je me souvienne de ma vie passée ; je ne pouvais rien faire pour arrêter ce flot de douleur. Rien ou…

Comme je l’avais fait dans le bureau du Principal de notre lycée, je me suis approché de Jérémy, et m’appliquant à un maximum de douceur, ma main est allée caresser sa joue.

Pareillement à la première fois, Jérémy s’est frotté la joue là ou je venais de le toucher. Quelques secondes plus tard, je réitérais mon geste, ma main s’est reposée au même endroit, et là Jérémy s’est redressé ; beaucoup plus lentement sa main s’est posée sur sa joue et y est restée ; Bien que redoutant depuis plus de deux mois la réaction de mon compagnon s’il venait à comprendre ma présence, je n’hésitais pas et doucement, de mon index, je vins frôler le dos de cette main.

Une décharge électrique violente aurait frappé mon ami que sa réaction n’aurait pas été plus brutale ; Il se leva si brusquement que sa chaise se renversa ; les yeux écarquillés il cherchait autour de lui un signe, quelque chose de concret à ce qu’il venait de ressentir ;

Ho mon doux Jerem, je ne pouvais rien faire, ou si je le pouvais, je ne le savais pas... Pas encore... Alors je restais là en pleurant, à te regarder avec tes interrogations et certainement aussi, la peur que tu devais ressentir.

C’est toi qui a trouvé la parade : adossé au mur, tu as fermé les yeux et doucement ta main est revenue sur ta joue ; Je comprenais ton message et lentement à mon tour j’ai avancé ma main.

Quand tu as ressenti ma caresse, tu as tremblé, mais je ne suis pas sur que ca soit de peur, alors mon autre main est allé sur ton autre joue. Là tu as ouvert les yeux ; devant le vide tu les a tout de suite refermés et ma main a continué sa caresse... Ton souffle s’est accéléré et j’ai alors eu l’idée de ce câlin que tu aimais tant, quand mon doigt suivait les courbes de ton visage et pour finir venait te chatouiller le dessous du lobe de l’oreille.

Quand mon doigt a commencé sa course, tu as ouvert les yeux, des larmes ruisselaient sur tes joues, mais je ne suis pas sur qu’elles fussent les mêmes que celles que tu versais l’instant d’avant ;

« -Je t’aime Kevin »

« -JE T’AIME JEREMY »

Je venais de lui répondre, de lui parler pour la première fois depuis le jour de mon départ. Je n’avais pas crié, et même il me semble que je n’avais fait que murmurer ma réponse, comme je le faisais quand enlacés tous les deux, il me disait les mêmes mots, en m’embrassant de toute sa tendresse. Pourtant il sursauta, il se laissa glisser au sol, le dos au mur, la tête dans les mains, et ses sanglots reprirent de plus belle…

« -Je deviens fou dit-il, regarde ce que tu me fais, je t’aime, et je m’imagine que tu es là, tu me manques tellement mon Kevin, tu me manques…. »

« -Moi aussi tu me manques mon amour, comment te faire comprendre que je suis là, que je t’aime, que non tu n’es pas fou… »

Jérémy a relevé les yeux. A son expression j’ai tout de suite compris qu’il m’avait entendu, d’abord les yeux exorbités d’incompréhension, j’ai vu son visage passer par l’interrogation, la surprise devant l’inconnu, le doute encore et aussi, puis enfin les larmes, ces larmes chargées d’émotion qui n’ont pas besoin de mots pour exprimer la force d’un instant.

« - Kevin, mon Kevin, je t’entends, je sais que tu es là, je veux être sur de ne pas devenir dingue, je t’aime mon Kevin, si tu savais…

- Que je te manque ? oui Jerem, je le sais… Et tu n’es pas fou, moi aussi je t’aime

- Mais tu es…

- Mort ? C’est ce qu’on dit, c’est vrai… Faut croire qu’il y a autre chose tu vois

- Je rêve, ce n’est pas possible, je suis complètement dingue c’est tout…

- Non Jerem, je suis là depuis mon départ… Je suis toujours là, avec toi…

- Ton départ ?

- C’est tout ce que j’ai trouvé comme mot mon beau;;; Je suis encore là, et le mot mort signifie fin ? non ?

- Mais tu me parles Kevin, je veux être sur que c’est pas mon imagination, comment je fais pour être sur de moi ? J’en parle ? Je fais quoi ?

- Et là, je crois que tu tomberais de haut mon amour, tu es le seul a m’entendre, du moins je crois…

- Quoi ? le seul ? mais pourquoi ? comment ?

- Je ne sais pas Jerem, mais j’ai une petite idée... Je crois que çà s’appelle l’amour… »



Jérémy a fermé les yeux, il est assis à même le sol, le dos au mur ; En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, son visage a retrouvé certaines couleurs que je ne lui avais pas vu depuis des semaines.

« -Kevin, tu es là ?

«  -Je suis là oui…

«  - Ça va durer tu penses ?

«  - Quoi ?

«  - Ça, le fait que je puisse te parler comme ca, Dis moi que ca va durer…

« -Je ne peux pas te répondre mon ange, je crois qu’on doit surtout profiter de ce que ca se fasse,

«  -Mon ange ? Tu crois pas que tu inverses les rôles là ? L’ange ici, c’est plutôt toi ? Non ? »

Sur cette phrase, pour la première fois depuis ce mardi d’octobre dernier, je vois un timide sourire sur les lèvres de mon amour.

Comme je l’ai déjà écrit, dés les premiers instants d’après l’accident, j’ai ressenti tout mon être, mon enveloppe charnelle n’était plus, mais je ressentais toujours chacun de mes membres, chacun des frissons que nous procurent de grandes émotions…

Pour le coup ce soir là, je crois que tous les deux nous avons ressenti la joie de nos retrouvailles, nous avons longuement parlé de ma condition immatérielle, je lui ai dit comment j’avais vécu leur douleur à tous, ces deux derniers mois. Et combien mon plus cher désir serait de me retrouver dans ses bras et de sentir son souffle chaud sur mes épaules…

Il m’a avoué aussi combien nos jeux lui manquaient, il s’est cru obligé de me dire qu’il n’avait connu aucun autre garçon depuis moi, et que jamais non plus il ne m’avait trompé….

« -Chutttt mon amour, je sais tout çà !

« -Comment çà ?

« -Jerem je suis là depuis mon départ, je suis avec toi quasiment chaque heure de la journée…

« -Et c’est maintenant que tu le dis ?

« - J’avais peur Jerem, peur que tu ne m’entendes pas, que tu refuses de croire à ce qui t’arrive, mais l’amour est plus fort que tout mon beau, et tu sais combien j’aurai préféré me taire si j’avais pu craindre de te perdre à jamais….

« - Kevin, je ne t’ai jamais dit je t’aime…

« - Tu n’arrêtes pas depuis deux mois…

« - Non, avant…

« - C’est vrai, tu me disais surtout que tu n’étais pas ‘comme çà’, que les mots s’étaient pas pour toi…

« -Je crois surtout que je préférais me mentir a moi même… »

Notre discussion marque une longue pose, et sans même nous parler, je sais que Jérémy sait ma présence à ses côtés. Il est toujours assis à la même place, le dos au mur, je suis à son côté et il ne se trompe pas quand il tourne la tête sur sa droite pour reprendre notre discussion avec un demi sourire dans la voix :

« -Dis donc, si je comprends bien, depuis deux mois tu es à mes côtés ? C’est bien çà ?

« -C’est ce que je t’ai dit oui…

«  -Tout le temps ?

«  -Comment çà ?

«  -Ben, me dit-il en baissant la voix, quand je suis sous la douche, tu es là ? »

Pour la première fois depuis deux mois, je me sens sourire, et même heureux que mon ami ait lui, retrouver le si merveilleux sourire qui lui manquait tant…

« -Tu ne vas pas me dire que tu as peur que je te vois nu non ???

« -Bien sur que non, me dit-il, au moins tu es témoins de ma sagesse… »

Là, je sais avoir retrouvé mon Jérémy, spécialiste de l’allusion perfide sans jamais se mouiller plus qu’il ne faudrait…

« -C’est vrai, même que connaissant mon Jerem adoré, j’ai été un peu surpris de cette abstinence…

«  -Je n’avais pas vraiment le cœur à battre le tambour tu sais… »

Jerem à le regard perdu, je mesure notre bonheur de nous retrouver, je pense aussi à ces moments ou tous les deux dans cette chambre nous nous sommes aimé ; je sais qu’il ne peut me voir, mais à ce moment précis, ses yeux sont face à moi, à cet instant nous savons lui comme moi ou nous en serions si le destin ne nous avait pas séparé… Nous savons que ce long silence est le témoin de notre pensée commune, et comme pour s’assurer qu’il pouvait toujours se permettre un type de conversation, Jerem me demanda d’une voix hésitante :

« -Tu te souviens de notre dernière fois ici ?

« -Oh que oui mon Jerem, Tu veux me parler de ce dimanche après-midi ou tu te prenais pour un chippendales, c’est bien çà ?

« -C’est malin !!!

« -Quoi ? C’est bien toi qui m’avait promis de me faire craquer, et qui avait parié, que je ne saurai pas rester en place si tu me faisais un strip ?

« -Et tu n’es pas resté en place d'ailleurs… »

A nouveau un long silence s’est abattu sur la chambre. Jérémy est toujours à la même place, je suis toujours à ses côtés, et son regard toujours tourné vers moi.

« -Qu’est-ce que tu me manques mon amour… »

« -Toi aussi mon Jerem tu me manques, mais je crois que toi et moi avons une chance incroyable, celle d’être malgré tout, encore ensemble… Je ne sais pas si cela est déjà arrivé à d’autres, je pense que oui, il n’y a pas de raison que nous soyons les seuls a vivre çà. Je crois simplement que nous devons apprendre seuls à gérer ce qui se passe.

« -Je ne sais même pas, si tu es présent, je ne sais même pas ou tu es, je te parle comme si je parlais à un mur…

« -Ha, et tu connais beaucoup de murs qui te répondraient toi ? »

Jérémy retrouve son sourire, mais je sais qu’il n’a pas tord. Heureusement, le temps devait nous apporter très vite certaines réponses à ces préoccupations ‘immatérielles’…

Le temps avançait, et l’heure du diner arrivait, je restais à ses côtés quand il retrouva les siens autour de la table familiale ; immédiatement je remarquais le plaisir dans les yeux de sa mère quand elle vit la mine reposée de son fils. En deux heures de temps, mon ami avait retrouvé un visage perdu de tous depuis deux mois déjà…

Personne pourtant ne lui en fit la remarque, je restais à son côté tout le temps du repas, presque heureux d’être avec ces gens que j’avais tellement connu et aimé.

A un moment, Jérémy se leva de table pour aller chercher une bouteille de soda à la cuisine ; quand il revint dans la pièce, à peine franchit le seuil de la porte, il eut une sorte de malaise, il lâcha la bouteille qui se fracassa sur le sol et porta une main à son visage, tandis que de l’autre bras il cherchait à se raccrocher à un meuble ou une chaise…

Immédiatement son père le prit à bras le corps et l’aida à s’assoir… J’étais affolé, ne comprenant pas ce qui s’était passé, certainement un malaise du à l’émotion de cet après midi ; pourtant Jérémy allait déjà mieux, il rassura tout son petit monde, prétextant un léger vertige, mais déjà passé…

Son père lui conseilla de s’allonger un peu, ce que mon ami accepta. Sa mère insista pour le ramener à sa chambre, et quand nous fumes enfin seul, je m’inquiétais de ce qui lui était arrivé…

« -attends, tu vas vite comprendre me dit il en se levant. »

Se dirigeant vers la salle d’eau attenante à sa chambre, il se posta devant le lavabo, et me dit, « vient derrière moi. » Interloqué qu’il puisse savoir que je n’y étais pas, j’obtempérai, ne comprenant pas ou il voulait en venir…

Quand je fus derrière lui, Jérémy resta un long moment à fixer le miroir accroché au mur et reflétant son image...

« -Alors ?

« -Quoi alors ?

« -Kevin, regarde, regarde le miroir….

« - Arrête Jerem, explique-toi s’il te plait, qu’est ce qu’il a le miroir ?

« - Le miroir Kevin, je te vois, je te vois dans le miroir mon amour… »

Jérémy regardait le miroir devant lui ; moi je ne voyais que mon ami, dont les larmes mouillaient le visage. Je ne comprenais pas comment il pouvait me voir, mais j'eus la certitude que cela était quand, après que je lui eu posé une main sur une épaule, il vint à son tour timidement poser l’une de ses mains sur la mienne, et qu’avec toute sa tendresse il fit le geste de me caresser…

« -Tout à l’heure quand je suis revenu de la cuisine, ton reflet était dans le miroir au dessus de la cheminée, tu étais à côté de ma chaise… Tu comprends maintenant ce qui s’est passé… »

L’émotion était trop forte, je me sentais pleurer.

Nous étions à nouveau réunis... Notre amour, notre force de ne pas rester séparé faisait que nous effacions les unes après les autres les barrières de l’irrationnel…

« -Ne pleure pas mon ange… Je suis là !

« -Je ne pleure pas Jerem, je ne pleure pas rassure toi…

« -Ha, alors c’est que le Kevin que j’ai face à moi pleure quand toi tu me dis ne pas pleurer ? Rendez-moi mon Kevin SVP… »

Je ne peux m’empêcher de sourire, ce qu’il continue de commenter comme un jeu :

« -Larmes, pleurs, sourire… J’avoue que je te préfère le sourire aux lèvres… »

Des coups frappés à la porte de mon compagnon nous firent sursauter. Sans attendre de réponse, le père de mon ami entre dans la chambre alors que Jérémy est encore devant son miroir et que je suis toujours derrière lui :

« -Tu vas mieux, s’inquiète t il ?

« -Oui, c’est passé, surement un coup de fatigue…

« -Tu avais pourtant bonne mine ce soir…

« -C’est vrai, je crois que ca va mieux, j’ai pas du être marrant ces derniers temps hein ?

« -Pas grave fiston, chacun gère le départ d’un être cher de manière différente tu sais…

« -Tu as dit le départ ? »

Jérémy me regarde au travers du miroir, son père est à nos côtés, et visiblement lui ne me voit pas dans le reflet glacé…

« -L’accident de Kevin, on sait tous ici combien tu as eu mal, mais il faut réussir à dépasser cela Jérémy Il est parti, et là ou il est, je ne suis pas sur qu’il soit heureux de te voir pleurer des jours entiers… »

Jérémy a toujours les yeux dans les miens, deux larmes viennent de couler après les dernières paroles paternelles. Derrière son dos, je lui fais non de la tête, aussitôt, d’un revers de manche, Jérémy s’essuie le visage est prend une grande inspiration….

Son père lui passe un bras autour des reins, le serre quelques secondes contre son flanc, et se détourne pour quitter la pièce.

Au moment ou son père allait quitter sa chambre, Jérémy m’a regardé a travers le miroir, il a rappelé son père avant que celui-ci ne referme la porte derrière lui :

« -Papa…

« -oui ?

« -Je voudrai te parler, tu as le temps ?

« -Maintenant ?

« Oui si tu veux… »

Alain, (le père de Jerem) est rentré dans la chambre. Il a refermé la porte derrière lui, et gardant le dos au chambranle s’est tourné vers son fils :

« -Je t’écoute, c’est rare que tu me demandes à me parler, rien de grave au moins ?

« -Non, rassure toi, je vais bien, mais je voudrai te parler de moi et de quelque chose de ma vie… je…

« -Vas y, je peux t’aider ?

« -Non, tu peux pas, je voudrai juste te dire que Kevin et moi, c’était beaucoup plus que de l’amitié tu sais…

« -Je sais Jérémy, Kevin était ton ami, ton meilleur pote, et j’ai eu aussi très mal pour toi quand c’est arrivé, mais je te l’ai dit…

« -Non papa, continua Jérémy en fixant son père droit dans les yeux, Non, Kevin est moi n’étions pas des copains ou de simples amis, on était plus… »

Jérémy s’est rapproché de son père ; Alain et mon compagnon sont maintenant face à face,

Jérémy qui a accepté de me dire cet après midi qu’il m’aimait d’amour est en train sous mes yeux de faire comprendre à son père ce que nous étions, ce que nous représentions l’un pour l’autre, et il ne cherche pas à cacher ses sentiments pour moi…

« -Papa, Kevin et moi nous nous aimions, bien plus que jamais je n’ai aimé personne, je ne parle pas de toi ou de maman bien sur, c’était autre chose, on… on était amant papa, je voulais que tu le saches… »

Avec ses derniers mots, Jérémy n’a pu retenir ses larmes, il a baissé la tête devant son père, et un silence pesant est venu telle une chape de plomb s’abattre sur la pièce.

Alain s’est approché de son fils, l’a entouré de ses bras puissants, et l’a serré de très longues secondes contre lui.

« -Merci Jérémy, merci de m’avoir dit, maintenant il faut que je te dise aussi, que ta mère est moi avions un gros doute sur cela, mais que nous te respections trop dans ce que tu vivais, on t’aime tu sais, et à nous aussi il nous manque ton ami… »

Jérémy a séché ses larmes. Après de longues secondes, Alain a quitté la pièce et je ne suis pas sur que ses yeux ne brillaient pas plus que de raison quand il a fermé la porte en lançant un dernier signe a son fils…

Quand les pas du père se furent éloignés, Jérémy s’inquiéta presque aussitôt…

« -Tu es là mon ange ?

« -Bien sur que je suis là, lui répondis je, jamais je n’aurai pu manquer cela…

« -Je ne t’ai pas fais mal au moins ?

« -Mal ? Tu plaisantes ? Tu sais Jerem, je crois que je n’ai jamais été aussi fier de quelqu’un, et je crois que jamais je n’aurai pu espérer une meilleure preuve d’amour…

« -Tu es ou ?

« -Sur ton lit, assis a coté de toi… »

Suivant mon indication, Jerem s’assoit à mes côtés, puis se laisse glisser, s’allongeant sur la couche.

Nous restons longuement allongés cote à cote ; sans un mot, je regardais mon ami s’endormir, les traits enfin apaisés.

Beaucoup plus tard dans la soirée, Jérémy se réveilla en sursaut, il alluma la lumière que sa mère était passée éteindre pendant son sommeil, et regarda chaque angle de sa chambre.

« -Je suis là Jerem, je suis toujours à coté de toi…

« -Ho, mon Kevin, j’ai cru à un rêve, j’ai cru que tout cela n’était qu’un affreux rêve…

« -Affreux ?

« -Non, je veux dire que j’ai eu peur que ca ne soit pas…

« -Je suis là Jerem, et je serai là tant que tu voudras que je le sois…

« -Comment tu peux me dire ca ? Je te veux tout le temps avec moi, on ne se quitte plus mon ange, on se le promet ?

« -Promis Jerem, je ne sais pas plus que toi si cela durera, mais je te promets d’être avec toi aussi longtemps que je le pourrai…

« -Ben pour commencer, demain, c’est opération miroir dans cette chambre…

« -Comment çà ?

« -Quoi comment çà ? Tu ne vas pas croire que je ne vais que me contenter de te voir uniquement quand je me brosserai les dents non ? Je te veux partout, je veux pouvoir te voir quand je suis allongé, quand je discute avec toi, je veux te voir sourire, tu m’as trop manqué mon Kevin… »

Pendant ces mots, Jérémy s’est levé, et s’est à nouveau placé devant le miroir de sa salle d’eau. Comprenant sa demande muette, je suis venu derrière lui ; quand il a retiré son tee-shirt, j’ai ressenti comme un frisson.

Mon amant me fixait au travers du reflet d’un regard que j’avais déjà connu, un regard presque une prière pareil à ces temps passés, ou n’osant pas encore me demander ces gestes d’amour qu’il espérait, il se contentait d’un regard, presque une supplique à laquelle j’étais trop heureux alors de répondre.

Je compris pourtant ce soir qu’il se donnait, sans recherche ni espoir de compensation. De nos moments d’intimité, de ces plaisirs que l’un apporte à l’autre, Jérémy aimait à ce que je le vois nu, aimait me provoquer par une caresse sur son corps en attendant qu’à mon tour je me déshabille pour me coller à lui et nous aimer… Ce soir là, Jérémy se déshabilla complètement les yeux dans les miens tandis que tout mon être répondait à ce jeu de séduction. Je sentais en moi une chaleur que je n’avais pas encore ressentie depuis le jour ou la vie m’avait abandonnée.

Ce feu en moi, je ne le connaissais que trop bien, c’était l’excitation que me procurait celui avec qui j’avais tant de fois partagé les mêmes caresses.

Je fermais les yeux, presque honteux de ce qui se jouait, mais Jérémy m’appela a le regarder :

« -Kevin, mon Kevin, j’ai trop eu envie de toi mon ange, j’ai trop espéré que tu me serres à nouveau dans tes bras, j’ai tellement envie de sentir ta caresse sur mon corps, viens Kevin, viens… »

Alors répondant à son cri, je me suis approché autant que je l’espérai de son corps, mes deux mains ont caressé son torse, descendant ma caresse jusqu'à ses abdominaux. Son regard fixé dans le miroir, Jérémy avait empoigné sa verge gonflée et commencé une lente masturbation. Mes mains remontèrent sur ses épaules, pour glisser à nouveau le long de ses bras ; la cadence de ses mains sur son cep d’amour s’était accélérée, et pour ma part je sentais mon être se vrillé comme jamais je ne l’avais connu.

Kevin avait fermé les yeux, rejetant la tête en arrière, il se masturbait sans retenue, m’offrant la beauté de son corps en plein orgasme. Toujours collé à lui par mes caresses, mes deux bras entourèrent sa taille, et j'eus envie d’embrasser mon amant, comme je l’aurai fait si mon corps avait pu encore être collé au sien. Doucement, je baissais la tête, je m’approchais de son coup et mimait un baiser sur cette peau tant adorée…

Dans le miroir, les yeux de mon amant s’ouvrirent d’étonnement, sa bouche s’ouvrit en grand dans un râle roque, tandis qu’il laissait s’échapper sur le miroir de longues giclées épaisses d’un flot de sperme qui semblaient ne jamais devoir se tarir…

« -Whooaaa Kevin, trop, trop fort, je t’ai senti comme si tu étais serré à moi, comme si tu me caressais toi, j’ai complètement senti tes lèvres dans mon coup mon amour.

« -Moi aussi, j’ai tout ressenti mon cœur, c’est incroyable mais j’avais l’impression de te faire réellement l’amour mon Jerem…

« -Mais tu m’as fais l’amour mon ange, j’ai vu ton reflet chaviré quand tu as commencé à me caresser, j’ai vu ton plaisir quand tu m’as embrassé, je t’aime Kevin, jamais plus je ne pourrai me passer de toi… 

« -Oui, ben pour commencer, tu n’as plus qu’a tout nettoyé, parce que deux mois d’abstinence, visiblement ca laisse des traces… »

Nous étions heureux, pourquoi ne pas dire le mot ? En quelques heures nous étions nous, et rien que pour nous.

Jérémy nettoya les dégâts de nos ébats, et prit une douche avant de se coucher. Nous discutions encore quelques minutes puis le sommeil le gagna pour la nuit. Avant de s’endormir il me demanda une dernière caresse, et je lui promis qu’à son réveil je serai là pour une nouvelle journée de notre nouvelle vie…

Le lendemain, quand il s’étira à son réveil, il portait le sourire que je lui avais toujours connu, il tendit la main devant lui les doigts écartés, et je touchais chacune de ces dernières phalanges.

« -Bonjour toi, me lança t il..

« -Bonjour mon cœur, bien dormi ?

« -Comme un ange, enfin, je crois…

« -Alors sache mon amour, que les anges ne dorment pas, ils veillent… »

Le ton de la journée était donné, mon compagnon se prépara pour le lycée, et toute sa petite maisonnée apprécia sans le lui dire, le sourire qui avait reprit sa place sur son visage. Pour moi aussi, les choses changeaient ; je n’étais plus seul. Je m’appropriais à travers lui la vie de Jérémy, et j’étais loin de m’imaginer combien cette association allait être source de complicité…

Quand dans la cours du bahut je retrouvais mon amour, il était entouré de quasiment tous nos copains qui ne pouvaient que remarquer son changement radical depuis la veille. Et quand on lui demandait comment il allait, il argumentait une profonde discussion avec ses parents, et sur le fait que se souvenir c’était bien, mais que sombrer dans les souvenirs était autre chose ; ce que chacun lui accorda.

A l’heure du petit pipi avant la sonnerie des cours, Jérémy pris bien soin de se laver les mains à un lavabo surmonté d’un miroir, je lui fis le petit signe qu’il attendait, et le suivais comme son ombre que j’étais quasiment devenu…

Comme je m’étais promis de le faire chaque matin, je dis à Jérémy de ne pas s’inquiéter, que je serai avec lui très vite, mais que j’avais une obligation à laquelle je ne voulais pas déroger… Devant sa surprise teintée d’inquiétude, je lui promis de lui expliquer dés mon retour le besoin de m’éclipser quelques instants…

Ce besoin c’était Mathieu... Comme chaque matin, je le retrouvais à son entrée en classe. Comme chaque matin il déposa son blouson sur la chaise vide jumelle de la sienne, et comme chaque matin il caressa la table à son côté, sauf que ce matin il me surprit en laissant sa main plus longuement que d’habitude, et les quelques mots qu’il prononça ce matin là me firent l’effet d’un coup de poing quand il dit tout bas :

« -Tu me manques mon pote, moi je ne t’oublie pas Kevin, je pense à toi… »

Je restais face à lui de longues secondes. Mathieu me semblait plus malheureux ce matin là que les jours précédents. Je regardais ce visage fin, cette barbe qui commençait à bien encadrer ses joues, je posais la main sur la table qui m’était jalousement gardée, et avant de rejoindre Jérémy dans sa classe, je dis tout bas :

« -A moi aussi Mathieu tu me manques, vous me manquez tous, tous très fort… »

J’avais à peine terminé ces mots, que Mathieu s’effondra en sanglots à la grande surprise de toute la classe. Deux élèves s’empressèrent de l’aider à sortir, tandis que moi chargé de douleur, je m’enfuyais presque, retrouver Jérémy…

La classe de Jérémy était en cours. Mon compagnon, connu comme un élève attentif semblait accaparé par le sujet du jour, mais fréquemment il détournait la tête sur son côté, comme s’il attendait quelqu’un ou quelque chose… Malgré le moment difficile dont je venais encore une fois d’être le responsable bien involontaire, je ne pu m’empêcher d’être attendri par mon aimé, car presque chaque minute, Jérémy jetai un œil dans le fond de la classe ou un immense miroir occupait toute la largeur du mur… Je n'eus pas beaucoup à faire pour que l’instant d’après il pousse un soupir qui s’apparentait fort à un soulagement… Il me fallut pourtant attendre prés d’une heure, que le cours prenne fin et que je puisse enfin lui parler un peu…

Avant que je ne pu le faire, je m’inquiétais de la santé de Mathieu, et à nouveau me retrouvais au milieu de mon ancienne classe ; heureusement mon ami avait retrouvé sa place, et bien que paraissant soucieux, les larmes semblaient s’être estompées ; rassuré, je me rapprochais de Jérémy lorsque la sonnerie d’interclasse retentit…

Une fois un peu à l’écart des autres, je lui expliquais mon obligation de début de journée et la douleur de Mathieu ; Comme moi il fut profondément touché de cet épisode qui ne pouvait que ré ouvrir des blessures de souvenir qui tentaient vainement de cicatriser. Il me promit à l’interclasse suivant d’essayer de parler à Mathieu, et de lui proposer son aide si celui-ci l’acceptait.

En passant devant une porte ou la vitre éclairé de soleil renvoyait tout les reflets pareil à un miroir, Jérémy s’arrêta quelques secondes, je me plaçais derrière lui, baissais la tête et l’embrassais sur la joue. Mon compagnon me présenta son plus beau sourire, et rejoignit sa classe pour un nouveau cours…

 

La suite ici...

Par ma-vie-dapres
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Mercredi 25 mai 3 25 /05 /Mai 13:51

 

Attention, cette histoire est une fiction ;

L’auteur n’a eu d’autre objet en mettant en ligne ce texte, que de montrer la passion de deux personnes par delà une situation dramatique ; Cette histoire ne se veut tirée d’aucun fait ayant réellement existé, ou supposé avoir été. Toute coïncidence de lieux, de personnes, ou de situation existante ou ayant eu à se produire serait purement fortuite.

Salut à tous, moi c’est Kevin, j’ai presque 19 ans, et si je me décide à prendre le clavier et vous écrire ces lignes, c’est tout simplement qu’à l’heure ou vous me lisez, je n’ai pas encore trouvé d’autres moyens de communication…

Étrange début d’histoire penserez vous ? Et bien dans ce cas, prenez votre mal en patience, parce qu’à mon avis, je n’ai pas fini de vous surprendre ; mais commençons pas le commencement, et laissez moi vous parler un peu de moi et de mon univers.

Je suis un garçon brun aux cheveux courts et aux yeux verts d’un mètre quatre vingt cinq, pour soixante treize kilos, je suis plutôt bien bâti, sportif et musclé juste comme il le faut pour que bon nombre de filles de mon bahut se retourne à mon passage ; Enfin… oui, elles détournent les yeux vers moi, mais je ne leur rends que très rarement leurs regards. Mon truc à moi c’est les mecs et en particulier un mec, mon mec : Jérémy, dix-huit ans comme moi, un mètre quatre vingt, cheveux courts et châtains clairs, élève dans le même lycée que moi.

Pour le reste, je suis plutôt bon élève, j’ai un frère, Cyril, d’un peu plus d’un an mon ainé et malgré nos fréquentes disputes je l’adore comme lui m’adore depuis toujours.

J’oubliais un détail important pour la suite de mes lignes, ma famille est installée dans un bourg moyen de Bretagne, pays de mystère et de légende…

Je te l’accorde lecteur impatient, jusqu’ici mon récit n’a rien de bien croustillant, rien qu’une vie banale comme tant d’autre ou presque : presque, car il y a quelques mois, ma vie a basculée, et vous allez comprendre que ce n’est pas dans mes mots qu’une simple image.

Je vous ai décrit là les grandes lignes de ma vie, de ce qu’elle était avant…

Avant çà…

Il y a juste un an de cela, c’était un Mardi, comme d’habitude tout le monde courrait à la maison, c’était chaque matin le même feuilleton qui recommençait, nous étions quatre, mais quatre toujours en retard, et comme chaque fois c’était à celui qui râlerait le plus fort contre les autres. Mon père partit le premier de la maison, comme d’habitude il claquait la porte en nous lançant un « A ce soir tout le monde » puis ses pas crissaient sur le gravier avant que le moteur de sa voiture ne ronronne dans le garage et qu’il ne s’éloigne… Mon frère attrapa son blouson, une barre de céréale à la main, il embrassa maman, et me fit un signe en guise de « bonne journée », comme chaque matin, comme d’habitude.

Comme d’habitude j’étais le dernier à quitter la maison et ce matin là ne devait pas changer ce qui semblait être une règle non écrite ; aussi quand ma mère fut prête à son tour à quitter l’antre familiale, elle vint dans ma chambre ou je finissais de m’habiller, m’embrassa comme chaque matin, et comme d’habitude m’abreuva de ses recommandations de prudence… Bien évidemment j’aime ma maman, et ces moments privilégiés, seuls avec elle, je ne les aurais cédés pour rien au monde.

Ce mardi matin, je m’en souviens puisqu’il était hier, elle s’est retournée en quittant ma chambre, m’a regardé de toute sa tendresse et m’a dit une dernière fois « -Fais attention à toi », puis à son tour elle est partie pour le travail… Quelques minutes plus tard, à mon tour, je prenais mon sac emplit de mes affaires de cours, passais mon blouson sur mes épaules, et comme chaque matin je prenais mon casque avant de refermer la porte.

Il ne faisait pas froid ce mardi là, l’automne commençait à prendre ses marques, quelques feuilles jonchaient déjà l’allée du garage ou était rangé mon scooter, une bécane que mes parents venaient de m’offrir pour mon dix-huitième anniversaire. Depuis trois mois que je l’avais, nous avions avec Jérémy parcouru des tas de kilomètres, je connaissais parfaitement ma machine, et un peu sottement, je m’étais pris a aimer et même à parler à ce tas de ferraille dont j’avais si longtemps eu envie.

En sortant de la cours de la maison, je lançais le démarreur électrique, et comme d’habitude mon engin compris l’ordre de départ. Comme chaque matin, au coin de la rue, je fis un petit signe à Julien qui venait de faire l’ouverture du bar-tabac de ses parents, et qui fumait tranquillement sa cigarette sur le pas de sa porte en attendant le client. J’aimais bien Julien, il avait quasiment mon âge et tenait le poste d’avant centre dans notre équipe de foot.

J’avais eu bien-souvent sous la douche, l’occasion de le voir nu ; Plutôt beau mec ! A l’en croire, il avait connu quasiment toute les filles libres du quartier, sauf que personne ne l’avait jamais vu au bras de l’une de ses supposées conquêtes ; je souriais en repensant à cela, tout en m’engageant sur l’avenue qui conduisait à mon lycée. Je roulais tranquillement, et j’appréciais pleinement la douceur de ce matin d’automne…

Je ne me souviens que très peu de ce qui s’est passé à ce moment là, de ce qui est advenu à cet instant précis ou je n’ai fait qu’entendre un grand coup de clackson doublé d’un crissement de frein qui ne cessera jamais de résonner dans ma mémoire. Je me souviens aussi d’un choc, l’impression de déraper, de ne pas contrôler ma machine et de rester groggy de longues secondes sans réaction aucune.

Quand je revins à moi, je fus enveloppé d’un nuage blanc, un halo étincelant et froid, cela ne dura que quelques courtes secondes puis le nuage s’évapora sans que je comprenne ce qu’il était… Autour de moi, le temps semblait s’être arrêté. Des gens que je ne connaissais pas étaient penchés au dessus de moi et un homme, qui semblait avoir un peu plus d’assurance que les autres, s’agenouilla à mon côté, il me posa un doigt sur le coup, puis approcha sa joue de mon visage. Après ce court examen il se releva. Des gens n’avaient cessé d’approcher et dans cette foule je perçus enfin une voix connue ;

« -C’est Kevin, C’est Kevin »

C’était Mathieu, l’un de mes copains de classe, sans doute celui avec qui je m’entendais le mieux en cours.

Depuis la dernière rentrée nous étions voisin de table, et les nombreuses discussions que nous avions eu ensemble nous avaient rapprochées, et quelques confidences avaient mêmes étés partagées.

Il voulut m’approcher mais le type qui s’était agenouillé à coté de moi le prit par les épaules et l’empêcha de venir vers moi.

« -Vous connaissez ce garçon ? » lui demanda-t-il

« -Oui, il est dans ma classe, c’est Kevin L., qu’est ce qu’il a ? »

Le type baissa la tête sans répondre, et j’entendis Mathieu se mettre à crier de douleur… Mon compagnon se laissa tomber sur le macadam, se prenant la tête dans les mains, le regard fixé sur le mien…

« -Non, pleurait-il, c’est pas vrai, pas Kevin, pas Mort… »

Mort ? Math, non j’suis pas mort, regarde bon sang regarde, je suis là…

Ce mot mort, accompagné des larmes de mon ami m’avait fait réagir, et je me suis relevé. Une fois debout, j’ai ressenti une forme de vertige, une espèce de flottement, un peu comme une forte fièvre ; sans avoir mal, sans avoir froid…

Je m’approchais de math qui lui restait comme prostré. Les larmes inondaient son visage que je découvrais si jeune encore malgré sa barbe naissante dont il était si fier.

Ses yeux ne quittaient pas l’endroit ou j’étais allongé l’instant d’avant ; suivant son regard, je me détournais et découvrais un corps allongé à même le sol. A l’aide d’une couverture, le type qui m’avait examiné l’instant d’avant venait de le soustraire au regard des curieux qui continuaient à accourir.

Je me souviens de m’être approché du corps gisant sur la route, il n’y avait pas de sang, pas de blessure apparente, seule la position du type allongé là démontrait qu’un choc violent l’avait projeté à terre. Malgré la couverture une jambe était visible dans un angle qui n’avait rien de naturel et l’on devinait aisément que la tête elle non plus, n’était plus dans un axe ordinaire.

A quelques pas de la couverture, un casque avait roulé. Je ne pus que reconnaître mon propre casque, il était là, posé comme jeté à terre. L’arrière du globe censé protéger la nuque était enfoncé, là encore témoignant la violence de la chute du conducteur.

Étrangement, personne ne s’occupait de moi, personne ne me demandait comment j’allais, d’autres personnes que je connaissais étaient arrivés en courant et au loin une sirène hurlante s’approchait rapidement.

Un bruit de scooter qui s’arrête... Quelqu’un qui court, qui ne semble pas me voir...

Moi j’ai reconnu Jérémy qui se jette à genoux à coté du corps allongé, je n’ai pas le temps de réagir, Jérémy a rejeté la couverture qui recouvrait le corps sans vie et en hurlant s’est accroché à… Moi…

Ce corps allongé depuis 10 minutes à mes pieds n’est que le mien. Mort ? Accident ? Fini ? Parti ? Le vertige me reprend, j’ai l’impression d’être ivre, j’ai l’impression d’être un simple voyeur dans cette scène ou je suis pourtant, et je le comprends seulement, celui à qui tout est arrivé. La sirène qui hurlait s’est tue brusquement, et des agents font se reculer les gens qui s’était groupés autour de… Moi ; Deux d’entre eux, aidés du type qui m’a examiné tout a l’heure m’arrache au bras de Jérémy qui n’a pas cessé de hurler de douleur.

Moi, je viens de me rendre compte que je n’arrête pas de l’appeler mais qu’il ne m’entend pas. Je viens aussi de comprendre que je pleure, je pleure toutes les larmes de mon corps, sauf qu’elles ne coulent pas. Je sens mon corps, je ressens tout mon être, mais je dois le comprendre : personne ne me voit, ne m’entend, personne ne me sait présent…

Jérémy toujours pleurant et soutenu par un policier, s’assoit un peu a l’écart.

Mathieu s’approche de lui et tous deux tombent les bras dans les bras mariant leur douleur du moment. Je suis à leur côté, je pleure aussi, et je suis seul, mes deux amis ont mal à cause de moi, je n’ai pas voulu cela, et ils ne m’entendent pas quand je leur dit que je suis là….

La circulation a été complètement coupée dans l’avenue, et d’autres voitures de Police sont arrivées, ainsi que les pompiers et une ambulance du SAMU ; un médecin m’a examiné tout aussi rapidement que le type l’avait fait tout à l’heure. Quand il se relève et range son stéthoscope dans sa mallette, un pompier remplace sur mon corps la couverture de laine, par une autre, plus fine d’un aspect plastifié et de couleur brillante.

L’instant d’après, Mathieu et Jérémy semblent accaparés par une scène se déroulant à quelques mètres : Un type d’une trentaine d’année est en larme lui aussi, les policiers ne semblent pourtant pas être aussi prévenant à son égard, et quand je vois l’un d’entre eux lui passer les mains dans le dos et le menotter je comprends que c’est cet homme qui est la cause du drame en train de m’emporter…

Jérémy a certainement eu la même pensée que moi, car il s’élance vers l’inconnu... Ivre de rage, il écarte brutalement un policier qui cherchait à s’interposer.

Avant que quiconque n’ai le temps de réagir mon compagnon est sur le type…

« -NON !!! » J’ai hurlé ce non ! à celui avec qui j’ai partagé tant de moment d’amour. Sans que je ne comprenne comment, alors que j’ai réagi après lui, je me retrouve maintenant entre le type menotté et sans défense, et le poing levé de Jérémy.

« -Non » « Non Jerem, pas çà » J’ai hurlé ces mots du plus fort que je le pouvais, malgré cela, personne ne semble m’entendre.

Personne... Sauf Jerem... Mon compagnon semble déstabiliser l’espace d’une seconde, restant le bras en l’air regardant autour de lui comme surpris, c'est plus de temps qu’il n’en faut aux policiers pour le ceinturer et l’éloigner du type qui lui, est embarqué immédiatement à bord d’une voiture qui démarre dans un crissement sur le gravier.

Jérémy m’a entendu, j’en suis persuadé, il est maintenant entouré de mes copains de classe. Un policier le sermonne pour son geste inconsidéré, mais le laisse aux soins de mes amis.

Il y a déjà un peu plus de trente minutes que je suis allongé sur la chaussée, quand une voiture s’arrête au milieu de la rue. Comme moi, Jérémy a reconnu la voiture de mon père ; Il se lève les jambes tremblantes et cours vers papa qui est sortie de l’habitacle mais est incapable de faire un pas vers la forme couchée sous la bâche brillante…

Ma douleur est immense quand je vois les larmes de mon père que jamais je n’ai vu pleurer. Jérémy est face à lui, et comme avec Mathieu tout a l’heure, ils restent seuls quelques secondes chacun respectant l’autre dans sa douleur. L’arrivée d’un policier rompt cet instant fragile et quand Jerem veut s’éloigner je dis à mon ami mon envie de le voir rester auprès de mon père.

Jerem ne semble pas m’entendre, alors comme l’instant d’avant, du plus fort de moi, je hurle devant Jerem « RESTE AVEC LUI !!! »

Comme l’instant d’avant, Jerem réagit en regardant autour de lui. Papa s’est aperçu de son trouble, lui tends la main et lui dit :

« Viens avec moi, si tu veux »

Le policier emmène mon père et mon ami. Pour ma part, je regarde un fourgon blanc qui vient de s’arrêter prés de mon scooter ou les policiers relèvent les différentes traces de chocs. Du fourgon, deux hommes ont sorti une civière, délicatement le corps sans vie qui a été mon enveloppe, est déposé sur le brancard et un drap blanc me recouvre maintenant.

Mon père, suivi de Jérémy s’approche de la forme blanche, papa ne cherche pas à cacher sa douleur, et Jérémy lui a passé un bras autour des épaules.

Papa s’est agenouillé, a fait glissé le drap de mon visage m’a longuement regardé les larmes ruisselantes sur ses joues et m’a embrassé le front.

« J’AI PAS EU MAL JEREM, DIS LUI »

Sans lui parler doucement, je me suis mis face a Jérémy, et lui ai crié ces mots ; la magie à nouveau opère ; Jérémy repose sa main sur l’épaule de mon père, et dit :

« Il n’a pas eu mal Jean (prénom de mon père) ; »

Sans un mot, papa a posé sa main sur celle de Jérémy qui a repris,

« -Il n’a pas eu mal… »

« C’est surement vrai, dit le policier qui les accompagne, votre fils s’est brisé les vertèbres cervicales en tombant, sa mort a été instantanée. »

Papa se releva, un des hommes qui avait déposé mon corps sur le brancard remonta le drap que mon père avait baissé, et sur un signe de tête du policier, m’emportèrent dans le fourgon.

Mon corps était parti, je restais là.

Mon père et Jérémy s’éloignaient d’un pas lent vers la voiture, il ne restait rien ou presque des traces de l’accident. Mon scooter avait été emmené par la police et seuls quelques agents complétaient leurs taches, arpentant le bitume avec des cordons traçants, et mesurant chaque angle de rue ; Tout était fini. Les grappes de curieux elles aussi commençaient à se disperser, les appétits malsains de curiosité étaient repus, on avait vu, on pourrait commenter pendant la veillée…

Au moment de monter en voiture, le téléphone de mon père se mit à sonner. Il prit l’appel, mais incapable de parler il tendit l’appareil à Jérémy qui fondit une nouvelle fois en larmes. Je ne compris qu’une bribe de phrase : « …allons au lycée… » Puis il raccrocha.

Le lycée...

La grande cours...

Je revis en image ces endroits connus et aimés. Mes souvenirs étaient encore présents, et je voyais aussi toute ma classe au grand complet dans un silence qui ne lui ressemblait pas. Cherchant dans mes souvenir l’image d’un prof qui pouvait imposer un tel calme, je fus surpris de voir que Monsieur Bullet, notre prof d’art plastic mais aussi professeur principal de notre classe se tenait derrière le bureau, avec lui le calme était rarement de mise, aussi je compris que ce que je vivais n’était pas un souvenir, mais le présent... J’étais à plus de deux kilomètres du Lycée, sur les lieux de mon accident, et en attendant Jérémy mentionner l’endroit, je n’avais fait qu'y penser pour me retrouver entre ses murs.

Comme si j’avais besoin d’une confirmation de l’image qui s’imposait à moi, ma place au côté de Mathieu était vide ; ça ne pouvait être un souvenir, puisqu’en ce début d’année scolaire, je n’avais jamais manqué un seul cours ; mon compagnon lui, semblait complètement abattu et d’ailleurs pas une seule tête présente dans cette salle n’était levée ;

Après un long moment de silence, Christelle, une fille que j’appréciais bien demanda :

« - Sait-on comment ça c'est passé ?

- Non pas encore Christelle, lui répondit Bullet, il faut attendre, je pense que l’on saura très vite ce qui s’est réellement passé.

- Mais rien, explosa soudainement Mathieu, j’ai vu Kevin arrivé, le feu était bien au vert, et l’autre l’a fauché, c’est tout.

- Comment ca fauché ? il a pas vu le feu ?

- J’n’en sais rien moi, la police l’a embarqué dés qu’ils sont arrivés, à mon avis il ne devait pas être clair… »

J’avais dans ce cours dialogue, au moins une explication, je me souvenais parfaitement du feu tricolore dont avait parlé Mathieu, effectivement, le feu était vert et je ne roulais pour ma part pas si vite que cela ;

Ma réflexion fut interrompue par quelques coups légers frappés à la porte de notre classe. Mathieu était demandé au bureau du Principal.

Quand il sortit de la pièce, je pensais à l’endroit et instantanément j’eus devant moi l’image du maître des lieux, le regard bas derrière une paire de lunette demi-lune, mais la première personne que je remarquais fut maman, assise dans un fauteuil, le visage calé dans le creux du bras de mon père, ils pleuraient tous les deux…

Jérémy se tenait derrière eux le regard vide, les yeux rouges d'avoir déjà laissé trop couler de larmes. A ses cotés se tenait le policier qui se trouvait déjà prés de papa sur les lieux de l’accident.

Quand Mathieu entra dans le bureau, il réitéra les propos qu’il venait de dire en classe, le Principal venait d’apprendre que d’autres témoins confirmaient tous la version de mon compagnon et la police venait de confirmer les causes de l’accident : j’avais été fauché à un carrefour par un jeune homme de 28 ans, qui n’avait pas vu le feu tricolore, une enquête était ouverte…

En entendant les derniers mots, deux grosses larmes ont coulées sur les joues de Jérémy prés de qui je m’étais approché.

Je me sentais pleurer moi aussi.

Timidement... Osant à peine mon geste, je fis comme si mon corps était encore mien... Du bout de l’index je vins frôler sa joue comme si j’avais pu sécher ses yeux ; Je n’arrêtais pas la larme, mais Jérémy se frotta la joue là ou je venais de le toucher ; immédiatement, je recommençais mon geste et à l’identique sa main vint se poser au même endroit.

Je me plaçais alors face à lui, et lui dit doucement :

« JE SUIS LA JEREM »

Il n’eut aucune réaction, je n’hésitais pas, d’aussi fort que je pouvais le penser, je lui criais : « JE T’AIME JEREM, JE SUIS LA, ET JE T’AIME »

Il sursauta plus qu’il ne tressaillit, tout le monde avait été témoins de sa surprise, et plus encore ma mère qui lui demanda :

« -Tu as entendu ? »

Pour toute réponse mon ami se mit à trembler, son teint devint couleur de cire et il s’effondra évanouit dans les bras de mon père…



C’était là ma certitude ; Par delà ma mort, je réussissais à me faire entendre de celui que j’avais aimé plus que tout au monde, je devais bien vite comprendre que si la vie m’avait abandonnée, l’amour lui se moquait bien des frontières de corps ou de distance.

La suite ici...

Par ma-vie-dapres
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Comme tout les blogs en general, le dernier  article  posté vous est présenté  en première page...

Comme  vous le  comprendrez trés  vite,  vous  êtes  sur un blog "roman" ;  Pour lire  celui ci, il est  necessaire comme tout  bon texte, de commencer par le début.....

Ainsi toutes les pages titrées  de ce texte  sont accompagnée  de leur numéro  d'épisode....

Le premier  tesxte est intitulé "Tout  fini,  tout commence..." et porte  donc le  numéro 1 - (voir la liste  d'article cmplete...)

chaque  episode  se termine par le lien : la suite ici...  qui vous permet  de vous rendre  d'un clic  de souris  sur l'épisodde suivant....

Bonne  lecture,  et  au besoin,  n'hesitez pas  à me  contacter via  le mail du texte : roman.mva@gmail.com...

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