Mercredi 25 mai 3 25 /05 /Mai 14:04

 

Après les cours, comme il me l’avait promis, Jérémy se mit à la recherche de Mathieu, il le trouva prés de l’abri réservé aux deux roues. Il était seul, un casque à la main, sac à dos sur les épaules prêt à enfourcher son scooter. Quand il aperçu Jérémy, Math baissa les yeux, comme s’il refusait par avance tout contact, pourtant mon compagnon s’approcha de lui et sans détour engagea la conversation :

« -Salut Math, j’ai appris que ca n’allait pas trop ce matin ? Ça va mieux j’espère ?

« -Qui t’a dit çà, répondit Mathieu, un brin d’agression dans la voix

« -Peu importe qui me l’a dit Math, l’important c’est que des gens pensent à toi, et aient eu envie de me le dire, parce que si je ne me trompe pas, on a le même sujet de souvenir en ce moment non ?

« -Oué, ben toi on dirait bien que question souvenir tu l’as déjà oublié Kevin, moi tu vois, j’y pense tout le temps, tous les jours quand je m’assois à ma place, je pense à lui qui était là à côté… »

La réponse de Mathieu est cinglante, son ton est presque violent, mais Jérémy ne se laisse pas désarmer, et continue :

« -Je suis sur que tu y penses et ca ne fait pas de doute, mais tu n’as pas le droit de dire que je l’ai oublié, car rien ne te permets de juger de ce que je ressens, ni la manière dont je gère la perte de Kevin. Je suis certain qu’il manque à bien d’autres personnes qui elles ne le disent pas forcément… Je pense surtout que chacun gère çà à sa manière, c’est le droit de chacun. »

Les deux garçons se regardent, et Jérémy continue après une courte pose :

« -Ce qui me dérange par contre, même si je n’ai rien à y voir, même si l’on n’est pas intime, c’est que tu en tombes malade. Hier j’ai eu un dial avec mon paternel, j’avais pas pensé à un truc, mais là ou il est le Kevin, il continue surement à penser à nous, et qu’il doit surement nous vouloir autrement que les yeux pleins de larmes »

« -Parce que toi tu vas croire à ces conneries de paradis, de mec mort qui continue à regarder ceux qu’ils ont connu pour leur faire plaisir, ou leur jeter des sorts ? »

« -Bien sur que non math, mais c’est peut être mon truc a moi de penser juste un petit peu, qu’il est quelque part à veiller sur nous, ou tout au moins à avoir le droit de nous suivre dans notre vie à nous… »

A nouveau les deux garçons se font face, et Mathieu qui semble se calmer quelques peu, continu sans pouvoir contrôler une larme qui roule sur sa joue :

« -Si tu savais ce qu’il me manque Jérémy, c’est pas croyable mais tous les matins quand j’arrive en cours, j’ai l’impression de l’entendre me parler, j’ai l’impression qu’il est là tout prés… »

Jérémy regarde longuement Mathieu, il baisse les yeux, et je l’entends répondre :

« -Moi aussi Math j’ai l’impression qu’il est là, et à moi aussi j’ai l’impression qu’il parle par moment. 

« -je peux te poser une question Jerem ?

« -Si tu veux bien sur…

« -C’est indiscret…

« -Vas y, t’inquiète pas, j’assume…

« -Kevin ? Kevin et toi ? C’était autre chose ? Non ? »

Les deux garçons viennent de franchir un palier d’intimité, et témoin privilégié que je suis, les larmes me prennent quand j’entends Jérémy répondre avec franchise après un court silence :

« -Oui, Math, Kevin et moi c’était autre chose comme tu dis. Kevin était plus qu’un pote de lycée. Pour tout dire, Kevin était mon mec, et c’est pour çà que je suis là. Je voulais savoir comment t’allais. J’étais sur que c’était çà le blem de ce matin Math et en pensant à lui, comme il l’aurait fait lui, je suis venu te dire que si t’as besoin, ben je suis là…

« -J’ai compris pour vous deux le jour de l’accident, d’ailleurs, je crois qu’ici tout le monde s’est douté de votre relation, personne n’a rien dit, même si j’ai eu souvent envie de t’appeler… Ben voilà, on a parlé quand même…

« -Mathieu, Kevin et moi on s’aimait et on était heureux ensemble. Kevin est un mec que je ne pourrai jamais oublier, tu vois pourquoi tu n’as pas le droit de dire ce que tu as dit tout de suite ? Et tu vois, si personne ne le savait, ce n’est surement pas que nous nous cachions ; simplement notre vie était à nous. Maintenant qu’il est parti, Math, je fais pareil, je le vis pour moi, j’ai des souvenirs que personne n’a de lui.

« -Je suis désolé, Jerem, j’ai été trop con… »

Les deux garçons se rapprochent, Mathieu tend la main, mais Jérémy se rapproche encore plus et enserre la taille de son compagnon. Mes deux amis s’étreignent, et je sus à cet instant que ces deux là n’en resteraient pas là de leurs confidences….

Quand ils se séparèrent, Jérémy lui fit promettre de l’appeler s’il ressentait le besoin de parler ; mon compagnon de classe accepta l’invitation, et Jerem s’écarta après l’avoir embrassé sur les deux joues.

Longuement, Math assis sur la selle de son scoot regarda mon amour s’éloigner, le regard métamorphosé par rapport à ce dont j’avais été témoin le matin même.

Quand je le retrouvais quelques instants plus tard, Jérémy était accoudé à la barrière de béton qui longe le canal traversant notre ville. Les yeux dans le vide, l’air songeur, la discussion d’avec Mathieu semblait l’avoir ébranlé plus que je ne le pensais…

« -Tu vas bien mon ange ? 

« -Ça va Kev, ca va, mais il est drôlement secoué le Mathieu, il me ferait presque pleurer le con…

« -Hier tu n’étais pas mieux tu sais…

« -C’est vrai, dit-il, et on ne peut pas le laisser comme çà, t’es bien d’accord ?

« -Bien sur que je suis d’accord… Mais tu as entendu ce qu’il a dit ? Qu’il avait l’impression de m’entendre tous les matins… Il avait la sensation que j’étais souvent prés de lui…

« -Et c’est vrai ?

« -Que je lui parle ? Oui… Non… C’est, pas un dial, pas comme avec toi, c’est juste que le matin quand il me dit son bonjour, ben moi je lui réponds, rien d’autre…

« -Comment savoir ? Et comment lui pourrait t’entendre comme moi ?

« -Tu te souviens de ma mère dans le bureau du Directeur ? Elle aussi était certaine d’avoir entendu quelque chose…

« -Oui mon ange, je me souviens. Çà voudrait dire que c’est bien l’amour profond qui ferait çà ? Que nous puissions t’entendre ?

« -Je ne peux pas te répondre Jerem, tu es le seul avec qui je parle vraiment. Une chose est sure, il n’y a qu’en essayant que je le saurai…

« -Et tu penses le faire vite  ?

« -Jerem j’ai mis deux mois à oser te parler, j’avais tellement peur de ta réaction… Imagine que je croie être entendu, que je parle, et que ca se passe mal ?

« -Comprends pas. Si la personne t’entends, selon notre logique c’est qu’elle t’aime toujours autant qu’avant d’accord ?

« -D’accord

« - Alors, Explique-moi pourquoi une personne qui t’attends pourrait mal prendre le fait que tu te manifestes ?

« -Tu as la mémoire bien courte mon doux Jerem. Souviens-toi d’hier, ta chaise de bureau a failli ne pas s’en remettre, et la bouteille de Soda elle, se demande encore ce qui lui est arrivée… »

Devant ces deux images, Jérémy ne peut retenir un éclat de rire.

« - Bon, je te l’accorde, il faut y aller doucement, il faut savoir d’abord si il peut réellement t’entendre ou pas…

« -Tu ne devrais pas avoir le plus mauvais rôle dans l’histoire… lui dis je sur un ton ironique

« -Comprends pas !

« Comprends pas, Comprends pas ! Il est pas si vilain que cela le Mathieu, j’en connais qui aimerai bien s’en faire un ami…

« -Quoi ? il est PD ?

« -Jerem !!!

« -Bon, quoi ? Il est gay ? Et bien je le consolerai d’autant mieux ; me répondit-il avec un sourire ; mais comment tu sais çà toi ? Tu m’as l’air de bien le connaître ton Mathieu…

« -Tien donc, mon doux Jerem qui se rebiffe, je connais Mathieu de part ses confidences, et tu sais deux gays cote à cote ne sont jamais long à se découvrir… Mon doux Jerem serait il en train de me faire une scène ?

« -Kevin, mon Kevin, tu viens à peine de revenir, comment tu peux croire que…

« -Mais je ne pense rien mon beau, je te taquine simplement. Je t’aime et je n’ai aucun doute sur ta passion, hier ton père, aujourd’hui Mathieu, bientôt toute la ville saura à ce rythme là…

« -Et bien, que la ville sache, me dit il en bombant le torse de manière théâtrale, l’important pour moi c’était le coming-out à mes parents, c’est fait, alors maintenant le ciel peut bien me tomber dessus, c’est pareil…

« -Il l’a fait…

« -quoi ?

« -Le ciel, il t’est un peu tombé dessus hier non ?

« -Ha oui, tu as raison, et bon sang, qu’est ce que ca fait du bien…. 

« -Juste une question mon beau… C’est bien vrai ce que tu lui as dit ? Que le lycée aurait pu être au courant, que cela ne t’aurait pas dérangé ?

« -Pour nous ? Avec le recul, je ne pense pas non, tu peux pas dire qu’on se cachait plus que de raison ? On voulait notre intimité à nous, mais si on en a parlé à personne c’est bien parce que ce que l’on vivait nous suffisait non ? »

Je suis forcé d’admettre qu’il dit vrai, et que nous étions bien, rien qu’à deux. Jamais la question de discrétion ou de cachette ne nous avait traversé l’esprit, nos vivions notre amour, nos jeux à nous et nous y étions bien, sans avoir besoin de nous ouvrir aux autres. Fallait-il pour cela le regretter aujourd’hui ? 

Tous les deux nous ne pouvons nous empêcher un sourire.

Nous étions un mercredi, et ce jour là, pas de cours l’après-midi. Avant que nous nous retrouvions seuls dans sa chambre, Mathieu me demanda si lui aussi, comme je l’avais fait le matin même, pouvait s’éclipser une heure sans que je sois à ses côtés…

Je ne m’inquiétais pas de sa demande, et lui promis de le laisser seul le moment demandé.

Aussitôt, je me pris à penser que le mercredi j’encadrais autrefois l’entrainement des minimes de notre club de foot, je repensais au stade, à son allure de ruche le mercredi après midi et instantanément je me retrouvais au beau milieu des vestiaires auprès des gars que j’avais eu à entrainer jusqu’à deux mois auparavant.

Je n’étais jamais revenu dans ces lieux ou j’avais connu tant de plaisirs, et de revoir ces visages amis me toucha profondément.

Quand je fis un tour des salles, me rappelant tel ou tel trophée, mon émotion fut grande quand je découvris accroché au mur, prés de l’entrée des vestiaires, un cadre portant ma photo surmonté d’une plaque en cuivre brun ou était marqué une petite phrase de souvenir ;

Rien n’avait changé, il n’y avait d’ailleurs pas de raison que cela en soit autrement. Le seul changement encore une fois était dû à ma personne puisque l’entrainement des jeunes était désormais assuré par celui qui me secondait dans ma tache de coach : mon frère Cyril ; J’étais heureux pour lui, le travail que nous avions accompli ensemble semblait avoir été reconnu, les jeunes l’avaient toujours apprécié et le fait que le choix se soit porté sur mon frère, quand il a fallu me trouver un remplacement, a certainement aidé l’équipe à surmonté ce que j’avais su difficile, comme pour tant de personnes que j’avais aimé.

Cyril, je pensais à lui, et voilà qu’il était là, devant moi, le stylo à la main, devant le tableau qui nous servait à disséquer nos tactiques de jeux. Tous les jeunes écoutaient ses explications, acceptant les reproches d’un match qui avait dut être pénible à jouer…

Le temps passait vite, j’allais bientôt pouvoir rejoindre mon désormais compagnon d’existence, quand sans savoir pourquoi, l’image de Mathieu s’imposa à moi : en cherchant à comprendre le pourquoi de ce subit intérêt, je le retrouvais dans un endroit qui m’était complètement inconnu, mais que j’identifiais comme étant certainement le salon de la maison familiale ; Il était seul, assis dans un profond fauteuil, il n’y avait pas un bruit dans la pièce, mon compagnon avait un mouchoir à la main et les yeux embués, ruminant je ne savais quelle pensée . Jérémy avait raison, nous ne pouvions pas le laisser, dans cet état.

Quand je retrouvais Jerem dans sa chambre, je compris son besoin d’être seul. Mon compagnon était en train d’installer un grands miroir qui placé comme il l’était, reflétait quasiment l’ensemble de la pièce et ne me permettrait surement pas de passer inaperçu aux yeux de mon aimé ;

« -Content de la surprise ? me demanda-t-il quand il croisa mon regard

« -Comment pourrait-il en être autrement mon amour ? Depuis hier j’ai retrouvé le Jerem que j’aime et qui va tellement mieux ; Aujourd’hui je n’ai pas besoin de plus pour être bien tu sais, mais si quoi que ce soit peux te permettre toi d’être heureux, je dis mille fois oui….

Quand il eut terminé ses travaux, Jérémy avait modifié la disposition de son mobilier, de telle manière que même assis à son bureau, il puisse avoir son miroir en point de mire. En plus du coté secret-pratique que cela nous apportait, son espace s’en trouvait virtuellement agrandi, ce que ne manqua pas de souligner sa maman surprise de tant d’ardeur de la part de celui qui ne voulait jamais que l’on ne dérange ses affaires.

Quand quelques temps plus tard Jérémy vint s’allonger à mon côté, je ne pus qu’apprécier son idée, je ne pouvais pas voir mon propre reflet dans la glace, mais la manière dont Jérémy s’allongea me prouva s’il en était besoin combien nos étreintes lui manquaient…

Se guidant du reflet que je lui donnais, il s’allongea sur le ventre, une jambe recouvrant une des miennes, la tête calée dans l’image de mon épaule. De ma main je vins caresser sa joue, et ayant vu venir le geste, il ne tressaillit pas à mon contact, au contraire, il se détendit imperceptiblement, et fermait les yeux.

« -Je suis bien Kev, Si tu savais ce que çà fait du bien que tu sois là…

« -Je suis bien aussi mon amour, pourtant il ne faut pas t’attendre à plus, je ne pourrai surement rien te donner de meilleur…

« -Je sais mon ange, mais rien ne nous empêche d’espérer, regarde le chemin depuis hier ; qui sait ce que demain nous réserve ; moi non plus mon Kevin je ne demande rien d’autre. J’ai tellement cru t’avoir perdu complètement que je ne vais pas prendre le risque de perdre ce que j’ai retrouvé.»

Je ne répondais pas, continuant de mon doigt suivre les courbes de son visage ; Longuement nous sommes restés là, allongé sans un bruit, comme nous aimions tant le faire, heureux simplement de n’être que tous les deux.

Les jours qui suivirent furent à l’image de ces deux jours passés auprès de mon compagnon. Nous nous étions habitués à nous, dans la plus grande discrétion, et surtout lors de nos discussions.

Nous avions frôlé l’incident, quand un jour le frère de Jérémy était entré doucement dans la chambre. Mon compagnon ne l’avait pas entendu, tandis qu’afféré à son bureau, et le nez dans un devoir, il continuait seul la discussion que nous avions alors engagé ; levant la tête et me voyant un doigt sur les lèvres, il se retourna pour voir son frère qui était resté sur le pas de la porte, les yeux grands ouverts ;

« -Tu parles tout seul maintenant ?

« - Possible, répondit Jérémy sans se démonter… Je réfléchissais surement à haute voix, je n’ai pas fais attention.

« -Et tu parles de tes week-ends à tes devoirs toi. » Avait souri son frère

L’incident en resta là, Jerem en fut quitte pour quelques boutades de la part de son cadet, mais l’incident nous apprit à un minimum de mesures.

Une dizaine de jours d’après que je me sois manifesté à Jérémy, la dépression dont était sujet Mathieu nous inquiéta. Mon compagnon de classe avait fait le vide autour de lui, plus personne ou presque ne comprenait ses pleurs et son laisser aller ; Mathieu commençait même à sécher certains cours ; aussi, d’un commun accord avec Jérémy, nous décidions de nous en occuper.

Un lundi matin, alors qu’une fois de plus Mathieu ne se présentait pas en classe, et que Jérémy lui avait une matinée de libre, nous décidions de nous rendre directement chez notre ami après avoir vainement tenté de le joindre sur son portable.

Quand il ouvrit la porte après que Jerem eut insisté maintes fois sur le carillon, Mathieu nous apparu en caleçon, un grand tee-shirt sur les épaules, mais surtout les yeux gonflés de celui qui a trop pleuré ;

« -Toi ? Lança t il simplement à Jérémy

« -Oui Math, c’est moi, Puisque tu me donnes pas de news, je suis venu les chercher moi même tu vois

« -Les news elles sont pas bonnes, répondit il en s’écartant pour laisser entrer son visiteur. »

Jérémy entra dans le salon que je ne tardais pas a reconnaitre comme la pièce ou plusieurs fois déjà, j'avais eu à croiser un Mathieu en larme, la tête enfouie dans un coussin... Mathieu le précédant dans la pièce, et reprenant une place dans un fauteuil d’où nous venions certainement de le tirer, Jérémy resta quelques secondes devant notre compagnon, puis il retira son blouson avant de s’accroupir devant lui.

« -Math, tu veux qu’on parle un peu ? Tu veux me dire ce qui t’arrive ? Tu vas finir seul, tu déranges tout le monde. Il faut que tu rebondisses… »

Pour toute réponse, Mathieu leva le regard n’essayant même pas de dissimuler les larmes qui y coulaient.

De mon côté je revoyais la scène dix jours plus tôt dans la chambre de Jérémy, les mêmes larmes, la même détresse. J’avais repéré dans la pièce un miroir dont je me tenais éloigné ne sachant si Mathieu avait comme Jérémy la possibilité de m’y reconnaître ; Jerem eu sans doute la même idée que moi puisque lui aussi, ayant repéré le même danger, s’assit sur le bras d’un canapé aux côté de math, obligeant celui-ci à détourner son regard de l’objet.

Mon Jerem au grand cœur… J’avais devant moi le Jérémy que j’avais toujours aimé : Sensible, aimant, attentif à l’autre, mais jamais donneur de leçons... Encore une fois ce matin, allait devoir jouer de toute sa tendresse. Nous nous étions promis de soutenir Mathieu et malgré la crainte de me dévoiler à nouveau et de l’inconnu que cela représentait, j’avais promis à Jérémy de le suivre dans ce qu’il déciderait ce matin là ;

« -C’est cool d’être passé Jerem, mais ca va aller, je t’assure.

« -C’est ce que tu m’as dis il y dix jours Mathieu, je crois que j’ai été franc avec toi, j’en espérai autant, alors ? on va se parler ou pas ?

« -Tu veux savoir quoi ?

« -Tout, Tien, par exemple, mercredi tu me disais que tu avais l’impression de l’entendre parler, tu étais sur qu’il était prés de toi ? Tu peux m’expliquer ça un peu mieux ?

« -Je disjoncte Jerem, J’avais l’impression qu’il me disait bonjour tous les matins, tu m’as dit que toi aussi tu croyais ça non ?

« -C’est vrai !

« -Comment tu veux que je parle de ça ? Comment veux tu que j’explique que mon pote mort depuis deux mois et demi vienne m’embrasser tous les matins…

« -Évidemment, c’est pas simple ton truc, mais tu vois moi je comprends ce genre de choses, je crois que tu l’as réellement aimé le Kevin, pour en bouffer comme tu en bouffes aujourd’hui…

« -C était ton mec, je devrai pas te dire çà, mais je kiffais sérieux sur lui, mais jamais il a rien vu…

« -Ou alors il voulait rien voir ?

« -Maintenant que je sais pour vous deux, oui, c’est surement çà, il avait pas à chercher ailleurs puisque t’étais là…

« -Et aujourd’hui, tu en es ou ?

« -Aujourd’hui ?

« -Tu as toujours la même impression de sa présence, ou est ce que ca passe un peu ? »

Avant de répondre, Mathieu regarde timidement son compagnon, ses larmes ont cessées, mais ses yeux restent embués quand il reprend en baissant la tête…

« -Pas depuis Mercredi Jerem, depuis le jour où on a parlé toi et moi, je me suis surpris à l’attendre comme un con. J’avais surement tellement besoin d’y croire que j’entendais ce que je voulais entendre ; »

Jérémy reste quelques secondes sans répondre, lui comme moi sommes quasiment sur d’une chose, Mathieu m’entendait surement chaque matin quand je lui disais que j’allais bien. Depuis le mercredi qui avait été marqué par sa crise de nerf. Bien que je me sois rendu chaque matin auprès de mon ancienne classe, bien que chaque matin Mathieu me dispensait sa petite pensée, je m’étais retenu de lui répondre, espérant qu’il irait mieux et retrouverait une vie paisible ;

« -Tu es sur de çà aujourd’hui ?

« -Quoi donc ?

« -Çà, que tu entendais ce que tu voulais entendre ?

« -Faut être dingue, je sais, mais…

« -Je ne t’ai pas dit que tu étais dingue Math, parce que dans ce cas là, moi aussi je suis dingue…

« -Tu veux dire que…

« -Oui, je crois que je l’entends moi aussi, et tant pis si tu me prends pour un fou, mais figure toi que mon secret à moi, le fait que j’ai été mieux d’un seul coup tu te souviens ? ben c’est que non seulement je l’entends, mais que je lui parle aussi…

« -T’es trop con Jerem, c’est pas cool de se marrer avec çà.

« -ha parce que je me marre d’après toi ? Regarde-moi, est ce que je l’air de quelqu’un qui a envie de déconner là ?

« Mais tu te rends compte ? t’es en train de me dire que tu parles avec Kevin ? Mais tu dérailles Jerem, si c’est tout ce que tu as trouvé pour venir me parler, t’aurais pu trouver mieux crois moi… »

Jerem s’est redressé, et me regarde dans le miroir prés duquel je me suis approché, quand il baisse la tête et se retourne vers Mathieu, je sens l’émotion me gagner, je me rapproche de mes deux amis et pour montrer mon approbation à Jérémy dans son entreprise, ma main touche la sienne. Il a un très léger frémissement et continue à l’adresse de notre compagnon :

« -Tu penses réellement que je serai là à te torturer si j’essayais pas de trouver, de te trouver une solution ?

« -La solution serait que ce putain d’accident ne soit jamais arrivé c’est tout ;

« -on ne remonte pas le temps Math, ce qui est fait est fait, il faut s’apprendre à vivre avec c’est tout. »

Mathieu a relevé la tête vers Jérémy, ses yeux ont laissé s’échapper deux larmes qui coulent sur ses joues.

Son compagnon s’est rapproché, et tendrement lui passe un bras derrière la nuque, les deux garçons sont côte à côte, les yeux dans les yeux quand Jérémy reprend ;

« -On ne remonte pas le temps, mais il faut apprendre à ne pas s’arrêter avec le temps Mathieu. S’il te parle en classe, puisque tu en est persuadé ; pourquoi tu n’as pas essayé de lui parlé seul à seul..

«  -T’es complètement dingue toi !

« -Peut être math, peut être, n’empêche que ca m’a bien aidé d’y croire. »

Les deux garçons se soutiennent toujours du regard, Jérémy passe un bras autour du coup de son compagnon, l’attirant à lui. Sans aucune gène, Mathieu appuie son front contre l’épaule de son ami qui continue :

« -Il y a de temps en temps des choses qui s’expliquent pas Mathieu, à mon sens, il ne faut pas chercher à comprendre, si tu parles seul à Kevin, peu importe ce que tu entendras, si tu entends quelque chose. L’important sera que toi tu saches…

« -Arrête Jerem, tu me fous les jetons là."

« -Il n’y a pas de raison math,

« -Tu… Tu veux dire que tu lui parles vraiment c’est çà ? »

Jérémy prend de longues secondes pour répondre à son compagnon qui a toujours la tête dans le creux de son épaule, et prend une profonde inspiration avant de continuer :

« -En venant te voir ce matin, je savais qu’on en arriverait là ! Oui math, je lui parle, comme il me parle… Je sais que c’est complètement fou, que ça dépasse toutes les frontières de la raison, mais c’est pourtant ce que je vie. "

« -Je sais pas si j’ai le droit d’y croire Jerem, mais la prochaine fois que tu lui parles, pense à moi, et dis lui comme je pense à lui s’il te plait… »

Mathieu ne peut aller plus loin, ses sanglots l’ont rattrapé. Jérémy resserre son étreinte, et oubliant toute retenue Math pleure sans pudeur dans les bras de celui à qui il l’a compris, il peut désormais se confier.

Jérémy garde longuement son compagnon dans le creux de son épaule, ses bras se sont noués autour du dos et des reins de Mathieu. Quand il l’embrasse sur le front, Mathieu imperceptiblement se détend et relève le visage, retenant longuement son regard dans les yeux de Jérémy ;

« -Et toi, aujourd’hui qu’est ce que tu deviens ?

«  Moi ? Pour le moment je vie et j’accuse le coup, mais comme tu le vois je ne vais pas trop mal malgré tout. »

Sur cette dernière appréciation, après un long silence à se regarder tous les deux, Jérémy se leva et avant de partir serra a nouveau son compagnon contre lui.

« -Math, dit il sur le pas de la porte, ne t’inquiète pas pour Kevin, il va bien. Ce dont il a besoin aujourd’hui, c’est de savoir que les copains qu’il avait dans cette putain de vie aillent bien, eux aussi. Alors, si un de ces soirs tu en as envie, hésite pas à lui dire toi même combien tu l’aimes… »

Les deux garçons s’embrassèrent, puis Jérémy tourna les talons…

Alors que je ne m’étais pas encore manifesté, après quelques pas, il me demanda :

« -Pourquoi tu ne dis rien mon ange ?

« -Comment sais tu que je suis là mon beau ?

« -Je te connais mieux que personne Kev, tu sais çà non ? Je sais très bien qu’en temps ordinaire tu aurais aimé me parler de ce qui vient de se dire… »

« -Pourquoi ? On n’est pas en temps ordinaire là ? Tu sais, je crois qu’on va devoir s’habituer à ce temps ordinaire là… Tu crois pas ?

« -Ce qui veut dire ?

« -Que je t’aime, et que je n’ai pas envie que tu retiennes ta vie, uniquement parce que je suis revenu mon beau… Voilà, message passé ? »

« -Message passé mon Kevin d’amour. Mais vois tu, je ne retiens pas ma vie ; je t’aime et je vis très bien en ce moment ; et le Mathieu, il est bien gentil, bien mignon, mais en ce moment je ne suis pas sur que c’est moi qui l’intéresserai… »

Sur cette dernière phrase, nous avons un petit sourire tous les deux, nous nous connaissons assez Jerem et moi pour ne pas avoir besoin d’autres explications.

Le soir même, après sa journée de cours, je sentais Jérémy préoccupé. Nous nous connaissions assez, et je pouvais discerner chez lui, que la visite faite à notre compagnon le matin même, n’était pas sans laisser de traces. Conscient qu’il ne chercherait pas à entamer une discussion pourtant inévitable, je lançais l’engagement :

« -Les temps changent pas vrai ?

« -Tu veux dire quoi par là ?

« -Que lui te faisait mal ce matin, et que ce soir tu te fais mal à toi même mon beau…

« -Je ne me fais pas mal Kev, simplement cette manière qu’il a de parler de toi avec tant de sincérité et…

« -Et d’amour ?

« -Tu appellerais çà comment toi ?

« -Comme toi, Jerem, comme toi, c’est de l’amour, c’est sur. Coté sentiment, personne ne peut dire ce que les gens vivent, tu l’as tellement bien défini toi même l’autre jour ;

« -C’est vrai, mais dans ces mots j’ai l’impression de me reconnaitre, je suis en plein accord avec lui Kevin, il est trop sensible ce mec.

« -Et de ton côté, tu te sens bien avec lui c’est çà ?

« -Je crois qu’on a surtout un bon sujet pour nous rapprocher !

« -Et pour vous soutenir mutuellement aussi…

« -Possible…»

Nous étions tous les deux assis à son bureau, nos regards plongés dans le miroir qui nous faisait face, et j’avais posé la tête sur l’épaule de mon compagnon ; de longues minutes de silence suivirent notre discussion sans que nous ne nous lâchions du regard.

Beaucoup plus tard dans la soirée au moment de se coucher, mon compagnon allongé à mon côté prit appui sur son coude et selon une technique que nous avions développée par miroir interposé, d’une caresse sur son corps il me demanda de me rapprocher de lui. Quand il sentit mes doigts glisser sur sa poitrine et venir frôler la pointe de ses seins, Jerem ferma les yeux s’abandonnant à notre bonheur fait du peu qu’il nous restait.

J’avais son corps nu au bout de mes doigts, ce corps que je connaissais et à qui je ne pouvais plus donner le plaisir qu’il était en droit d’attendre ;

Quand la pointe de ses seins se mit à durcir et se tendre pareille à une prière, quand sa verge se gonfla et pointa vers son ventre, j’eus envie de plus, et comme au premier jour de nos retrouvailles, j’osais me glisser sur lui, porteur d’une tendresse, d’un baiser que cette fois encore il comprit…

Le regard tourné vers le miroir, Jérémy ne perdait rien de ma caresse ; la ressentait il ? l’imaginait-il ? J’étais incapable de répondre trop impatient que j’étais de lui donner ce qu'il me restait pour lui ;

Quand son souffle s’accéléra ; quand ses mains vinrent danser sur sa poitrine leur ballet de douceur, cajolant ses pectoraux et leur deux taches brunes durcies ; quand il caressa son bassin, ignorant au mieux le muscle tendu arrogant de puissance, je me glissais entre ses jambes ouvertes en compas et caressai de mes joues la hampe tendue à l’en faire mal. À travers le miroir je le voyais me regarder impudique d’amour, il se caressait sans retenue, un doigt fureteur ayant trouvé un passage jusqu’à ce jour inviolé… Jérémy arqua le bassin, empoigna enfin sa lance congestionnée, et se masturba avec force, soucieux de me faire partager l’intensité de ce qu’il m’offrait… Soudé du regard par le miroir, je sentais plus que je ne la devinais, la jouissance de mon compagnon et quand le premier jet du flot crémeux s’écrasa sur sa poitrine, je l’encourageais à se caresser longuement et à profiter pleinement de son plaisir….

Quand repus d’amour il se reposait les yeux ouverts, me fixant dans l’image du reflet, il me demanda :

« -Tu penses toujours que je retiens ma vie ?

« -Je pense surtout que tu n’as pas le droit de t’interdire autre chose…

« -Je n’ai pas besoin d’autre chose mon ange, tu me suffis bien assez…

« -Tu me disais ce midi que tu me connaissais mieux que personne Jerem ; tu n’arriveras pas à me tromper sur tes besoins ; moi aussi je te connais et je t’aime trop pour t’obliger à ne vivre que ce que tu vis en ce moment… »

Il ne me répond pas, mais sa façon de s’allonger sur son flanc, les yeux rivés à mon image, remplace tous les discours du monde ; aucun mot, aucune image ne peut expliquer ce que nous ressentions lui et moi à ce moment précis… Notre amour malgré l’épreuve, malgré notre séparation était resté intact comme au premier jour.

Nous nous étions découvert prés de deux ans plus tôt, une rencontre dans la cours de notre lycée, une amitié qui se crée autour d’un sujet anodin, puis les sorties, les discussions, les confidences qui mènent à l’intimité…

Contrairement à Jérémy, je n’ai jamais eu de doute sur ma sexualité, je lui ai dit très vite ma passion pour les garçons. Je ne voulais pas le tromper, jamais… Alors j’ai osé.

Je le revois assis en tailleur sur mon lit, m’écoutant gravement, comprenant mes craintes de le voir me rejeter ; je le revois me regarder sans un mot puis s’approcher, je revois son geste quand pour la première fois son bras s’est noué autour de mon coup, qu’il a attiré mon visage vers lui et quand nos lèvres se sont jointes pour un tout premier baisé… Immédiatement j’ai compris que j’avais trouvé celui qui me manquait.

Ce soir, mon amant comme à ce premier jour était dans mes bras. Comme au premier jour, le feu de notre amour brulait en chacun de nous et en regardant son reflet endormi, je ne pus retenir une larme, en me promettant de l’aider lui aussi à vivre sa vie.

La suite... Ici... 


Par ma-vie-dapres
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