Mercredi 25 mai 3 25 /05 /Mai 13:58

 

Après mon départ dans les conditions que vous savez déjà, je suis resté quelques temps à la maison. Je ne pouvais rien faire d’autre que d’assister à la douleur des miens, ou rester auprès de maman, quand des heures durant elle s’allongeait sur son lit, tenant au creux de sa main, une petite photo d’identité.

Puis les jours ont passé ; même si je savais la douleur de mes proches toujours aussi présente, je la comprenais moins blessante pour eux, pour qui la vie devait continuer. Et puis surtout il y avait moi, je côtoyais chacun de leurs instants, de leurs moments de souvenir, de leurs larmes cachées ; je ne pense pas être le garçon égoïste, mais séparé d’eux, de leur amour comme je l’étais, chacun de ces moments était aussi dur pour moi que pour chacun d’entre eux.

Mes pensées allaient de l’un a l’autre et tel des flashs, il me suffisait de penser à l’une de ces personnes qui m’avaient été si proche, pour instantanément me retrouver à ses côtés ; c’est ainsi qu’entre maman, ou mon frère qui s’isolaient pour cacher leurs larmes, et mon père qui ne montrait rien, mais dont j’étais le témoin du chagrin sourd, enfouit furtivement le soir dans le creux de son oreiller, il m’arrivait de plus en plus de penser et donc de me retrouver auprès de celui qui symbolisait le mieux une histoire inachevée ;

Jérémy ne se remettait pas de mon départ. Le jour de l’accident par trois fois, j’avais réussi à me faire entendre de mon aimé. Après son malaise dans le bureau du Directeur de notre lycée, il avait bien admis avoir été surpris, croyant entendre ma voix, mais il avait refusé d’y croire, mettant cela sur le coup de l’émotion et de la douleur.

De peur de lui faire mal à nouveau, jamais je n’avais osé lui manifester ma présence à son côté.

Quelques semaines après mon départ, j’étais avec ma classe ; la vie avait repris, le chahut des cours aussi... Ma place auprès de Mathieu était resté vide, ou presque, car chaque matin sans jamais faillir à son habitude, mon compagnon de table posait son blouson sur le dossier que j’aurai dû occuper, tapotait le dessus de la table ou j’aurai du m’installer, et invariablement chaque matin, j’avais droit à sa petite pensée : 

« -Salut toi… »

J’étais seul, je les voyais tous, et chaque matin j’avais pris l’habitude à la même heure, de venir dans cette salle, d’attendre que Math se soit installé, et de lui répondre doucement :

« -Salut toi !, je vais bien »

Depuis le jour de l’accident, je savais combien Mathieu avait pleuré et pensait souvent à nos discussions. La fidélité qu’il s’imposait chaque matin m’obligeait à ne jamais faillir, et à être chaque jour à ses côtés.

Je ne pensais pas avoir été entendu de Mathieu, même si à quelques moments il avait tourné la tête, comme cherchant l’origine d’un bruit ou d’un souffle.

Il n’en a pas été de même de Jérémy.

Je ne faisais que penser à nos souvenirs amoureux, et par voies de conséquence, j’étais très souvent à ses côtés.

Pour un souvenir, une discussion dont j’étais le sujet, Jérémy s’effondrait, pleurait, et nous étions là, ensemble sans qu’il le sache, à pleurer un passé qui ne reviendrait pas ; c’est du moins ce que je pensais et lui surement aussi, jusqu'à cet après midi de décembre.

Ce jour là, Jérémy était installé à son bureau, attelé à des devoirs, quand sans prévenir, une fois de plus, il s’effondra avec entre les doigts une photographie que j’avais totalement oublié. Une photo que nous avions prise l’été précédent à l’aide de son téléphone portable. L’image était pliée, chiffonnée, mais elle était bien précise : elle nous montrait face à face, enlacés, lèvres jointes, rieurs tous les deux d’une photo faites pour narguer nos amis, mais tellement symbolique pour nous.

J’étais prés de lui, pleurant moi aussi devant la détresse de mon compagnon, n’osant toujours pas me manifester, quand Jérémy releva son visage inondé de larmes, il fixait notre photo et la voix pleine de sanglots me dit :

« - Tu m’as fait quoi Kevin ? Je t’aime, si tu savais ce que tu me manques, je t’aime… »

Et il s’effondra secoué de sanglots qu’il ne pouvait contrôler…

Je me senti malheureux comme jamais je crois je ne l’avais été depuis mon départ, et autant que je me souvienne de ma vie passée ; je ne pouvais rien faire pour arrêter ce flot de douleur. Rien ou…

Comme je l’avais fait dans le bureau du Principal de notre lycée, je me suis approché de Jérémy, et m’appliquant à un maximum de douceur, ma main est allée caresser sa joue.

Pareillement à la première fois, Jérémy s’est frotté la joue là ou je venais de le toucher. Quelques secondes plus tard, je réitérais mon geste, ma main s’est reposée au même endroit, et là Jérémy s’est redressé ; beaucoup plus lentement sa main s’est posée sur sa joue et y est restée ; Bien que redoutant depuis plus de deux mois la réaction de mon compagnon s’il venait à comprendre ma présence, je n’hésitais pas et doucement, de mon index, je vins frôler le dos de cette main.

Une décharge électrique violente aurait frappé mon ami que sa réaction n’aurait pas été plus brutale ; Il se leva si brusquement que sa chaise se renversa ; les yeux écarquillés il cherchait autour de lui un signe, quelque chose de concret à ce qu’il venait de ressentir ;

Ho mon doux Jerem, je ne pouvais rien faire, ou si je le pouvais, je ne le savais pas... Pas encore... Alors je restais là en pleurant, à te regarder avec tes interrogations et certainement aussi, la peur que tu devais ressentir.

C’est toi qui a trouvé la parade : adossé au mur, tu as fermé les yeux et doucement ta main est revenue sur ta joue ; Je comprenais ton message et lentement à mon tour j’ai avancé ma main.

Quand tu as ressenti ma caresse, tu as tremblé, mais je ne suis pas sur que ca soit de peur, alors mon autre main est allé sur ton autre joue. Là tu as ouvert les yeux ; devant le vide tu les a tout de suite refermés et ma main a continué sa caresse... Ton souffle s’est accéléré et j’ai alors eu l’idée de ce câlin que tu aimais tant, quand mon doigt suivait les courbes de ton visage et pour finir venait te chatouiller le dessous du lobe de l’oreille.

Quand mon doigt a commencé sa course, tu as ouvert les yeux, des larmes ruisselaient sur tes joues, mais je ne suis pas sur qu’elles fussent les mêmes que celles que tu versais l’instant d’avant ;

« -Je t’aime Kevin »

« -JE T’AIME JEREMY »

Je venais de lui répondre, de lui parler pour la première fois depuis le jour de mon départ. Je n’avais pas crié, et même il me semble que je n’avais fait que murmurer ma réponse, comme je le faisais quand enlacés tous les deux, il me disait les mêmes mots, en m’embrassant de toute sa tendresse. Pourtant il sursauta, il se laissa glisser au sol, le dos au mur, la tête dans les mains, et ses sanglots reprirent de plus belle…

« -Je deviens fou dit-il, regarde ce que tu me fais, je t’aime, et je m’imagine que tu es là, tu me manques tellement mon Kevin, tu me manques…. »

« -Moi aussi tu me manques mon amour, comment te faire comprendre que je suis là, que je t’aime, que non tu n’es pas fou… »

Jérémy a relevé les yeux. A son expression j’ai tout de suite compris qu’il m’avait entendu, d’abord les yeux exorbités d’incompréhension, j’ai vu son visage passer par l’interrogation, la surprise devant l’inconnu, le doute encore et aussi, puis enfin les larmes, ces larmes chargées d’émotion qui n’ont pas besoin de mots pour exprimer la force d’un instant.

« - Kevin, mon Kevin, je t’entends, je sais que tu es là, je veux être sur de ne pas devenir dingue, je t’aime mon Kevin, si tu savais…

- Que je te manque ? oui Jerem, je le sais… Et tu n’es pas fou, moi aussi je t’aime

- Mais tu es…

- Mort ? C’est ce qu’on dit, c’est vrai… Faut croire qu’il y a autre chose tu vois

- Je rêve, ce n’est pas possible, je suis complètement dingue c’est tout…

- Non Jerem, je suis là depuis mon départ… Je suis toujours là, avec toi…

- Ton départ ?

- C’est tout ce que j’ai trouvé comme mot mon beau;;; Je suis encore là, et le mot mort signifie fin ? non ?

- Mais tu me parles Kevin, je veux être sur que c’est pas mon imagination, comment je fais pour être sur de moi ? J’en parle ? Je fais quoi ?

- Et là, je crois que tu tomberais de haut mon amour, tu es le seul a m’entendre, du moins je crois…

- Quoi ? le seul ? mais pourquoi ? comment ?

- Je ne sais pas Jerem, mais j’ai une petite idée... Je crois que çà s’appelle l’amour… »



Jérémy a fermé les yeux, il est assis à même le sol, le dos au mur ; En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, son visage a retrouvé certaines couleurs que je ne lui avais pas vu depuis des semaines.

« -Kevin, tu es là ?

«  -Je suis là oui…

«  - Ça va durer tu penses ?

«  - Quoi ?

«  - Ça, le fait que je puisse te parler comme ca, Dis moi que ca va durer…

« -Je ne peux pas te répondre mon ange, je crois qu’on doit surtout profiter de ce que ca se fasse,

«  -Mon ange ? Tu crois pas que tu inverses les rôles là ? L’ange ici, c’est plutôt toi ? Non ? »

Sur cette phrase, pour la première fois depuis ce mardi d’octobre dernier, je vois un timide sourire sur les lèvres de mon amour.

Comme je l’ai déjà écrit, dés les premiers instants d’après l’accident, j’ai ressenti tout mon être, mon enveloppe charnelle n’était plus, mais je ressentais toujours chacun de mes membres, chacun des frissons que nous procurent de grandes émotions…

Pour le coup ce soir là, je crois que tous les deux nous avons ressenti la joie de nos retrouvailles, nous avons longuement parlé de ma condition immatérielle, je lui ai dit comment j’avais vécu leur douleur à tous, ces deux derniers mois. Et combien mon plus cher désir serait de me retrouver dans ses bras et de sentir son souffle chaud sur mes épaules…

Il m’a avoué aussi combien nos jeux lui manquaient, il s’est cru obligé de me dire qu’il n’avait connu aucun autre garçon depuis moi, et que jamais non plus il ne m’avait trompé….

« -Chutttt mon amour, je sais tout çà !

« -Comment çà ?

« -Jerem je suis là depuis mon départ, je suis avec toi quasiment chaque heure de la journée…

« -Et c’est maintenant que tu le dis ?

« - J’avais peur Jerem, peur que tu ne m’entendes pas, que tu refuses de croire à ce qui t’arrive, mais l’amour est plus fort que tout mon beau, et tu sais combien j’aurai préféré me taire si j’avais pu craindre de te perdre à jamais….

« - Kevin, je ne t’ai jamais dit je t’aime…

« - Tu n’arrêtes pas depuis deux mois…

« - Non, avant…

« - C’est vrai, tu me disais surtout que tu n’étais pas ‘comme çà’, que les mots s’étaient pas pour toi…

« -Je crois surtout que je préférais me mentir a moi même… »

Notre discussion marque une longue pose, et sans même nous parler, je sais que Jérémy sait ma présence à ses côtés. Il est toujours assis à la même place, le dos au mur, je suis à son côté et il ne se trompe pas quand il tourne la tête sur sa droite pour reprendre notre discussion avec un demi sourire dans la voix :

« -Dis donc, si je comprends bien, depuis deux mois tu es à mes côtés ? C’est bien çà ?

« -C’est ce que je t’ai dit oui…

«  -Tout le temps ?

«  -Comment çà ?

«  -Ben, me dit-il en baissant la voix, quand je suis sous la douche, tu es là ? »

Pour la première fois depuis deux mois, je me sens sourire, et même heureux que mon ami ait lui, retrouver le si merveilleux sourire qui lui manquait tant…

« -Tu ne vas pas me dire que tu as peur que je te vois nu non ???

« -Bien sur que non, me dit-il, au moins tu es témoins de ma sagesse… »

Là, je sais avoir retrouvé mon Jérémy, spécialiste de l’allusion perfide sans jamais se mouiller plus qu’il ne faudrait…

« -C’est vrai, même que connaissant mon Jerem adoré, j’ai été un peu surpris de cette abstinence…

«  -Je n’avais pas vraiment le cœur à battre le tambour tu sais… »

Jerem à le regard perdu, je mesure notre bonheur de nous retrouver, je pense aussi à ces moments ou tous les deux dans cette chambre nous nous sommes aimé ; je sais qu’il ne peut me voir, mais à ce moment précis, ses yeux sont face à moi, à cet instant nous savons lui comme moi ou nous en serions si le destin ne nous avait pas séparé… Nous savons que ce long silence est le témoin de notre pensée commune, et comme pour s’assurer qu’il pouvait toujours se permettre un type de conversation, Jerem me demanda d’une voix hésitante :

« -Tu te souviens de notre dernière fois ici ?

« -Oh que oui mon Jerem, Tu veux me parler de ce dimanche après-midi ou tu te prenais pour un chippendales, c’est bien çà ?

« -C’est malin !!!

« -Quoi ? C’est bien toi qui m’avait promis de me faire craquer, et qui avait parié, que je ne saurai pas rester en place si tu me faisais un strip ?

« -Et tu n’es pas resté en place d'ailleurs… »

A nouveau un long silence s’est abattu sur la chambre. Jérémy est toujours à la même place, je suis toujours à ses côtés, et son regard toujours tourné vers moi.

« -Qu’est-ce que tu me manques mon amour… »

« -Toi aussi mon Jerem tu me manques, mais je crois que toi et moi avons une chance incroyable, celle d’être malgré tout, encore ensemble… Je ne sais pas si cela est déjà arrivé à d’autres, je pense que oui, il n’y a pas de raison que nous soyons les seuls a vivre çà. Je crois simplement que nous devons apprendre seuls à gérer ce qui se passe.

« -Je ne sais même pas, si tu es présent, je ne sais même pas ou tu es, je te parle comme si je parlais à un mur…

« -Ha, et tu connais beaucoup de murs qui te répondraient toi ? »

Jérémy retrouve son sourire, mais je sais qu’il n’a pas tord. Heureusement, le temps devait nous apporter très vite certaines réponses à ces préoccupations ‘immatérielles’…

Le temps avançait, et l’heure du diner arrivait, je restais à ses côtés quand il retrouva les siens autour de la table familiale ; immédiatement je remarquais le plaisir dans les yeux de sa mère quand elle vit la mine reposée de son fils. En deux heures de temps, mon ami avait retrouvé un visage perdu de tous depuis deux mois déjà…

Personne pourtant ne lui en fit la remarque, je restais à son côté tout le temps du repas, presque heureux d’être avec ces gens que j’avais tellement connu et aimé.

A un moment, Jérémy se leva de table pour aller chercher une bouteille de soda à la cuisine ; quand il revint dans la pièce, à peine franchit le seuil de la porte, il eut une sorte de malaise, il lâcha la bouteille qui se fracassa sur le sol et porta une main à son visage, tandis que de l’autre bras il cherchait à se raccrocher à un meuble ou une chaise…

Immédiatement son père le prit à bras le corps et l’aida à s’assoir… J’étais affolé, ne comprenant pas ce qui s’était passé, certainement un malaise du à l’émotion de cet après midi ; pourtant Jérémy allait déjà mieux, il rassura tout son petit monde, prétextant un léger vertige, mais déjà passé…

Son père lui conseilla de s’allonger un peu, ce que mon ami accepta. Sa mère insista pour le ramener à sa chambre, et quand nous fumes enfin seul, je m’inquiétais de ce qui lui était arrivé…

« -attends, tu vas vite comprendre me dit il en se levant. »

Se dirigeant vers la salle d’eau attenante à sa chambre, il se posta devant le lavabo, et me dit, « vient derrière moi. » Interloqué qu’il puisse savoir que je n’y étais pas, j’obtempérai, ne comprenant pas ou il voulait en venir…

Quand je fus derrière lui, Jérémy resta un long moment à fixer le miroir accroché au mur et reflétant son image...

« -Alors ?

« -Quoi alors ?

« -Kevin, regarde, regarde le miroir….

« - Arrête Jerem, explique-toi s’il te plait, qu’est ce qu’il a le miroir ?

« - Le miroir Kevin, je te vois, je te vois dans le miroir mon amour… »

Jérémy regardait le miroir devant lui ; moi je ne voyais que mon ami, dont les larmes mouillaient le visage. Je ne comprenais pas comment il pouvait me voir, mais j'eus la certitude que cela était quand, après que je lui eu posé une main sur une épaule, il vint à son tour timidement poser l’une de ses mains sur la mienne, et qu’avec toute sa tendresse il fit le geste de me caresser…

« -Tout à l’heure quand je suis revenu de la cuisine, ton reflet était dans le miroir au dessus de la cheminée, tu étais à côté de ma chaise… Tu comprends maintenant ce qui s’est passé… »

L’émotion était trop forte, je me sentais pleurer.

Nous étions à nouveau réunis... Notre amour, notre force de ne pas rester séparé faisait que nous effacions les unes après les autres les barrières de l’irrationnel…

« -Ne pleure pas mon ange… Je suis là !

« -Je ne pleure pas Jerem, je ne pleure pas rassure toi…

« -Ha, alors c’est que le Kevin que j’ai face à moi pleure quand toi tu me dis ne pas pleurer ? Rendez-moi mon Kevin SVP… »

Je ne peux m’empêcher de sourire, ce qu’il continue de commenter comme un jeu :

« -Larmes, pleurs, sourire… J’avoue que je te préfère le sourire aux lèvres… »

Des coups frappés à la porte de mon compagnon nous firent sursauter. Sans attendre de réponse, le père de mon ami entre dans la chambre alors que Jérémy est encore devant son miroir et que je suis toujours derrière lui :

« -Tu vas mieux, s’inquiète t il ?

« -Oui, c’est passé, surement un coup de fatigue…

« -Tu avais pourtant bonne mine ce soir…

« -C’est vrai, je crois que ca va mieux, j’ai pas du être marrant ces derniers temps hein ?

« -Pas grave fiston, chacun gère le départ d’un être cher de manière différente tu sais…

« -Tu as dit le départ ? »

Jérémy me regarde au travers du miroir, son père est à nos côtés, et visiblement lui ne me voit pas dans le reflet glacé…

« -L’accident de Kevin, on sait tous ici combien tu as eu mal, mais il faut réussir à dépasser cela Jérémy Il est parti, et là ou il est, je ne suis pas sur qu’il soit heureux de te voir pleurer des jours entiers… »

Jérémy a toujours les yeux dans les miens, deux larmes viennent de couler après les dernières paroles paternelles. Derrière son dos, je lui fais non de la tête, aussitôt, d’un revers de manche, Jérémy s’essuie le visage est prend une grande inspiration….

Son père lui passe un bras autour des reins, le serre quelques secondes contre son flanc, et se détourne pour quitter la pièce.

Au moment ou son père allait quitter sa chambre, Jérémy m’a regardé a travers le miroir, il a rappelé son père avant que celui-ci ne referme la porte derrière lui :

« -Papa…

« -oui ?

« -Je voudrai te parler, tu as le temps ?

« -Maintenant ?

« Oui si tu veux… »

Alain, (le père de Jerem) est rentré dans la chambre. Il a refermé la porte derrière lui, et gardant le dos au chambranle s’est tourné vers son fils :

« -Je t’écoute, c’est rare que tu me demandes à me parler, rien de grave au moins ?

« -Non, rassure toi, je vais bien, mais je voudrai te parler de moi et de quelque chose de ma vie… je…

« -Vas y, je peux t’aider ?

« -Non, tu peux pas, je voudrai juste te dire que Kevin et moi, c’était beaucoup plus que de l’amitié tu sais…

« -Je sais Jérémy, Kevin était ton ami, ton meilleur pote, et j’ai eu aussi très mal pour toi quand c’est arrivé, mais je te l’ai dit…

« -Non papa, continua Jérémy en fixant son père droit dans les yeux, Non, Kevin est moi n’étions pas des copains ou de simples amis, on était plus… »

Jérémy s’est rapproché de son père ; Alain et mon compagnon sont maintenant face à face,

Jérémy qui a accepté de me dire cet après midi qu’il m’aimait d’amour est en train sous mes yeux de faire comprendre à son père ce que nous étions, ce que nous représentions l’un pour l’autre, et il ne cherche pas à cacher ses sentiments pour moi…

« -Papa, Kevin et moi nous nous aimions, bien plus que jamais je n’ai aimé personne, je ne parle pas de toi ou de maman bien sur, c’était autre chose, on… on était amant papa, je voulais que tu le saches… »

Avec ses derniers mots, Jérémy n’a pu retenir ses larmes, il a baissé la tête devant son père, et un silence pesant est venu telle une chape de plomb s’abattre sur la pièce.

Alain s’est approché de son fils, l’a entouré de ses bras puissants, et l’a serré de très longues secondes contre lui.

« -Merci Jérémy, merci de m’avoir dit, maintenant il faut que je te dise aussi, que ta mère est moi avions un gros doute sur cela, mais que nous te respections trop dans ce que tu vivais, on t’aime tu sais, et à nous aussi il nous manque ton ami… »

Jérémy a séché ses larmes. Après de longues secondes, Alain a quitté la pièce et je ne suis pas sur que ses yeux ne brillaient pas plus que de raison quand il a fermé la porte en lançant un dernier signe a son fils…

Quand les pas du père se furent éloignés, Jérémy s’inquiéta presque aussitôt…

« -Tu es là mon ange ?

« -Bien sur que je suis là, lui répondis je, jamais je n’aurai pu manquer cela…

« -Je ne t’ai pas fais mal au moins ?

« -Mal ? Tu plaisantes ? Tu sais Jerem, je crois que je n’ai jamais été aussi fier de quelqu’un, et je crois que jamais je n’aurai pu espérer une meilleure preuve d’amour…

« -Tu es ou ?

« -Sur ton lit, assis a coté de toi… »

Suivant mon indication, Jerem s’assoit à mes côtés, puis se laisse glisser, s’allongeant sur la couche.

Nous restons longuement allongés cote à cote ; sans un mot, je regardais mon ami s’endormir, les traits enfin apaisés.

Beaucoup plus tard dans la soirée, Jérémy se réveilla en sursaut, il alluma la lumière que sa mère était passée éteindre pendant son sommeil, et regarda chaque angle de sa chambre.

« -Je suis là Jerem, je suis toujours à coté de toi…

« -Ho, mon Kevin, j’ai cru à un rêve, j’ai cru que tout cela n’était qu’un affreux rêve…

« -Affreux ?

« -Non, je veux dire que j’ai eu peur que ca ne soit pas…

« -Je suis là Jerem, et je serai là tant que tu voudras que je le sois…

« -Comment tu peux me dire ca ? Je te veux tout le temps avec moi, on ne se quitte plus mon ange, on se le promet ?

« -Promis Jerem, je ne sais pas plus que toi si cela durera, mais je te promets d’être avec toi aussi longtemps que je le pourrai…

« -Ben pour commencer, demain, c’est opération miroir dans cette chambre…

« -Comment çà ?

« -Quoi comment çà ? Tu ne vas pas croire que je ne vais que me contenter de te voir uniquement quand je me brosserai les dents non ? Je te veux partout, je veux pouvoir te voir quand je suis allongé, quand je discute avec toi, je veux te voir sourire, tu m’as trop manqué mon Kevin… »

Pendant ces mots, Jérémy s’est levé, et s’est à nouveau placé devant le miroir de sa salle d’eau. Comprenant sa demande muette, je suis venu derrière lui ; quand il a retiré son tee-shirt, j’ai ressenti comme un frisson.

Mon amant me fixait au travers du reflet d’un regard que j’avais déjà connu, un regard presque une prière pareil à ces temps passés, ou n’osant pas encore me demander ces gestes d’amour qu’il espérait, il se contentait d’un regard, presque une supplique à laquelle j’étais trop heureux alors de répondre.

Je compris pourtant ce soir qu’il se donnait, sans recherche ni espoir de compensation. De nos moments d’intimité, de ces plaisirs que l’un apporte à l’autre, Jérémy aimait à ce que je le vois nu, aimait me provoquer par une caresse sur son corps en attendant qu’à mon tour je me déshabille pour me coller à lui et nous aimer… Ce soir là, Jérémy se déshabilla complètement les yeux dans les miens tandis que tout mon être répondait à ce jeu de séduction. Je sentais en moi une chaleur que je n’avais pas encore ressentie depuis le jour ou la vie m’avait abandonnée.

Ce feu en moi, je ne le connaissais que trop bien, c’était l’excitation que me procurait celui avec qui j’avais tant de fois partagé les mêmes caresses.

Je fermais les yeux, presque honteux de ce qui se jouait, mais Jérémy m’appela a le regarder :

« -Kevin, mon Kevin, j’ai trop eu envie de toi mon ange, j’ai trop espéré que tu me serres à nouveau dans tes bras, j’ai tellement envie de sentir ta caresse sur mon corps, viens Kevin, viens… »

Alors répondant à son cri, je me suis approché autant que je l’espérai de son corps, mes deux mains ont caressé son torse, descendant ma caresse jusqu'à ses abdominaux. Son regard fixé dans le miroir, Jérémy avait empoigné sa verge gonflée et commencé une lente masturbation. Mes mains remontèrent sur ses épaules, pour glisser à nouveau le long de ses bras ; la cadence de ses mains sur son cep d’amour s’était accélérée, et pour ma part je sentais mon être se vrillé comme jamais je ne l’avais connu.

Kevin avait fermé les yeux, rejetant la tête en arrière, il se masturbait sans retenue, m’offrant la beauté de son corps en plein orgasme. Toujours collé à lui par mes caresses, mes deux bras entourèrent sa taille, et j'eus envie d’embrasser mon amant, comme je l’aurai fait si mon corps avait pu encore être collé au sien. Doucement, je baissais la tête, je m’approchais de son coup et mimait un baiser sur cette peau tant adorée…

Dans le miroir, les yeux de mon amant s’ouvrirent d’étonnement, sa bouche s’ouvrit en grand dans un râle roque, tandis qu’il laissait s’échapper sur le miroir de longues giclées épaisses d’un flot de sperme qui semblaient ne jamais devoir se tarir…

« -Whooaaa Kevin, trop, trop fort, je t’ai senti comme si tu étais serré à moi, comme si tu me caressais toi, j’ai complètement senti tes lèvres dans mon coup mon amour.

« -Moi aussi, j’ai tout ressenti mon cœur, c’est incroyable mais j’avais l’impression de te faire réellement l’amour mon Jerem…

« -Mais tu m’as fais l’amour mon ange, j’ai vu ton reflet chaviré quand tu as commencé à me caresser, j’ai vu ton plaisir quand tu m’as embrassé, je t’aime Kevin, jamais plus je ne pourrai me passer de toi… 

« -Oui, ben pour commencer, tu n’as plus qu’a tout nettoyé, parce que deux mois d’abstinence, visiblement ca laisse des traces… »

Nous étions heureux, pourquoi ne pas dire le mot ? En quelques heures nous étions nous, et rien que pour nous.

Jérémy nettoya les dégâts de nos ébats, et prit une douche avant de se coucher. Nous discutions encore quelques minutes puis le sommeil le gagna pour la nuit. Avant de s’endormir il me demanda une dernière caresse, et je lui promis qu’à son réveil je serai là pour une nouvelle journée de notre nouvelle vie…

Le lendemain, quand il s’étira à son réveil, il portait le sourire que je lui avais toujours connu, il tendit la main devant lui les doigts écartés, et je touchais chacune de ces dernières phalanges.

« -Bonjour toi, me lança t il..

« -Bonjour mon cœur, bien dormi ?

« -Comme un ange, enfin, je crois…

« -Alors sache mon amour, que les anges ne dorment pas, ils veillent… »

Le ton de la journée était donné, mon compagnon se prépara pour le lycée, et toute sa petite maisonnée apprécia sans le lui dire, le sourire qui avait reprit sa place sur son visage. Pour moi aussi, les choses changeaient ; je n’étais plus seul. Je m’appropriais à travers lui la vie de Jérémy, et j’étais loin de m’imaginer combien cette association allait être source de complicité…

Quand dans la cours du bahut je retrouvais mon amour, il était entouré de quasiment tous nos copains qui ne pouvaient que remarquer son changement radical depuis la veille. Et quand on lui demandait comment il allait, il argumentait une profonde discussion avec ses parents, et sur le fait que se souvenir c’était bien, mais que sombrer dans les souvenirs était autre chose ; ce que chacun lui accorda.

A l’heure du petit pipi avant la sonnerie des cours, Jérémy pris bien soin de se laver les mains à un lavabo surmonté d’un miroir, je lui fis le petit signe qu’il attendait, et le suivais comme son ombre que j’étais quasiment devenu…

Comme je m’étais promis de le faire chaque matin, je dis à Jérémy de ne pas s’inquiéter, que je serai avec lui très vite, mais que j’avais une obligation à laquelle je ne voulais pas déroger… Devant sa surprise teintée d’inquiétude, je lui promis de lui expliquer dés mon retour le besoin de m’éclipser quelques instants…

Ce besoin c’était Mathieu... Comme chaque matin, je le retrouvais à son entrée en classe. Comme chaque matin il déposa son blouson sur la chaise vide jumelle de la sienne, et comme chaque matin il caressa la table à son côté, sauf que ce matin il me surprit en laissant sa main plus longuement que d’habitude, et les quelques mots qu’il prononça ce matin là me firent l’effet d’un coup de poing quand il dit tout bas :

« -Tu me manques mon pote, moi je ne t’oublie pas Kevin, je pense à toi… »

Je restais face à lui de longues secondes. Mathieu me semblait plus malheureux ce matin là que les jours précédents. Je regardais ce visage fin, cette barbe qui commençait à bien encadrer ses joues, je posais la main sur la table qui m’était jalousement gardée, et avant de rejoindre Jérémy dans sa classe, je dis tout bas :

« -A moi aussi Mathieu tu me manques, vous me manquez tous, tous très fort… »

J’avais à peine terminé ces mots, que Mathieu s’effondra en sanglots à la grande surprise de toute la classe. Deux élèves s’empressèrent de l’aider à sortir, tandis que moi chargé de douleur, je m’enfuyais presque, retrouver Jérémy…

La classe de Jérémy était en cours. Mon compagnon, connu comme un élève attentif semblait accaparé par le sujet du jour, mais fréquemment il détournait la tête sur son côté, comme s’il attendait quelqu’un ou quelque chose… Malgré le moment difficile dont je venais encore une fois d’être le responsable bien involontaire, je ne pu m’empêcher d’être attendri par mon aimé, car presque chaque minute, Jérémy jetai un œil dans le fond de la classe ou un immense miroir occupait toute la largeur du mur… Je n'eus pas beaucoup à faire pour que l’instant d’après il pousse un soupir qui s’apparentait fort à un soulagement… Il me fallut pourtant attendre prés d’une heure, que le cours prenne fin et que je puisse enfin lui parler un peu…

Avant que je ne pu le faire, je m’inquiétais de la santé de Mathieu, et à nouveau me retrouvais au milieu de mon ancienne classe ; heureusement mon ami avait retrouvé sa place, et bien que paraissant soucieux, les larmes semblaient s’être estompées ; rassuré, je me rapprochais de Jérémy lorsque la sonnerie d’interclasse retentit…

Une fois un peu à l’écart des autres, je lui expliquais mon obligation de début de journée et la douleur de Mathieu ; Comme moi il fut profondément touché de cet épisode qui ne pouvait que ré ouvrir des blessures de souvenir qui tentaient vainement de cicatriser. Il me promit à l’interclasse suivant d’essayer de parler à Mathieu, et de lui proposer son aide si celui-ci l’acceptait.

En passant devant une porte ou la vitre éclairé de soleil renvoyait tout les reflets pareil à un miroir, Jérémy s’arrêta quelques secondes, je me plaçais derrière lui, baissais la tête et l’embrassais sur la joue. Mon compagnon me présenta son plus beau sourire, et rejoignit sa classe pour un nouveau cours…

 

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Par ma-vie-dapres
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